Ekopolis a organisé une visite du chantier de la Médiathèque James Baldwin le 28/02/23 dans le cadre du cycle de visites de bâtiments durables.
En complément de ce compte-rendu, nous vous invitons à parcourir la fiche de l’opération. Elle vous apportera des compléments sur les acteurs du projet, sa programmation, la réponse architecturale et les spécificités liées à la démarche Bâtiment Durables Franciliens.
Intervenants présents le jour de la visite
- Blanche Rivière, Architecte Voyer en chef - Direction des Constructions Publiques et de l’Architecture (Maître d’ouvrage de l’opération)
- Nathalie Dectot, Architecte, Atelier Philippe Madec Architecte (Architecte Mandataire)
- Thanya Samarakone, Architecte, Agence Nicolas Miessner Architecte (architecte associé, spécialiste de la Terre Crue)
Spécificités du chantier
- Chantier en lots séparés avec 5 lots :
- TCE : CBC Service
- Charpente : CENOMANE
- VRD : SNTPP
- Paysage : TERIDEAL
- Terre crue : FEHR
- Le projet a fait l’objet de deux appels d’offre (maison des réfugiés et médiathèque). Ils ont été rédigés avec des prestations similaires pour avoir les mêmes entreprises sur les deux chantiers
Mise en oeuvre de la terre crue
- L’Atelier Philippe Madec Architecte s’est associé à l’agence Nicolas Miessner Architecte pour traiter le sujet spécifique de la terre crue. Par la suite, l'architecte associé s'est entouré du BE Terre et d'amàco (atelier matière à construire)
- Les murs en terre crue coulée sont situés dans “Le lien” (extension créée pour relier les deux bâtiments existants, il s’agit principalement d’une zone de circulation, non chauffée)
- La terre crue a été choisie pour apporter une inertie thermique dans cette extension (structure en ossature bois) et une régulation hygrométrique.
- Pour ce projet, il a été conçue une utilisation innovante de la terre crue coulée. Elle a nécessité la production de prototypes et la réalisation d’un carnet de méthodologie de mise en œuvre
- Les murs en terre crue, d’environ 1.5m x 2.5 m x 0.3m sont préfabriqués pour permettre une meilleure gestion du temps de séchage et une mise en œuvre par une grue en même temps que la structure porteuse en bois.
- C’est l’entreprise FEHR, une entreprise de taille industrielle établie à Strasbourg, et spécialisée dans la préfabrication de prémurs et prédalles en béton de ciment qui a produit et posé les murs en terre crue coulée.
- Pour des raisons matérielles, les murs sont fabriqués dans une centrale à béton située en Allemagne (proche de Strasbourg). A terme, une production plus locale permettrait de réduire le temps de transport. La terre utilisée vient d'Ile de France : il s’agit de la terre issue des excavations liées au Grand Paris, fournie par Cycle Terre.
- Les murs contiennent une armature en bois qui fait effet cage, donnant immédiatement de la portance au mur et permettant de la décoffrer rapidement. Sa présence facilite aussi leur transport et les liaisons entre murs et poteaux.
- La terre crue coulée est aussi appelée béton d’argile. C’est un mélange composé de sable, de gravillons, de terre, de paille et d’eau, dont le liant est l’argile. Cette technique emploie les mêmes outils, savoir-faire et techniques constructives que le béton de ciment (toupies, coffrages, etc.). La terre crue acquiert ainsi le potentiel d’une mécanisation permettant de maîtriser les coûts et de l'utiliser à grande échelle.
- La terre crue coulée est non stabilisée / sans adjuvants
- Le procédé n’a pas nécessité d’Atex, grâce à une conception permettant d'éviter quelques contraintes :
- les murs sont placés à l’intérieur, et sont donc protégés de l’eau
- les murs sont non porteurs, non thermique et non coupe-feu (les murs viennent en remplissage d’une ossature porteuse en bois)
- De plus, la validation du bureau de contrôle a été obtenue par rapprochement au guide des bonnes pratiques du torchis grâce à la présence de l’armature en bois.
- La mise en oeuvre et la livraison des murs, initialement prévues au printemps ont été retardées à l’automne, générant des problématiques de séchage en raison du froid et de l'humidité. Au départ, les murs ont été produits à l'extérieur, puis avec l'arrivée de l'hiver, ils ont été déplacés dans un hangar chauffé à température ambiante. Certains murs sont arrivés trop humides sur site et ont subi des dégâts pendant le transport.
- En attendant que le bâtiment soit hors d'eau, les panneaux ont été protégés par des pare-pluie
- Une des qualités de la terre crue est qu’il s’agit d’un matériau qui peut facilement faire l’objet de reprises, elles seront réalisées par l’entreprise une fois que les panneaux seront secs (printemps - été 2023) et le bâtiment hors d'eau
- Avant la livraison du bâtiment, un passage à l’éponge humide sera réalisé en surface pour homogénéiser leurs aspects, sans nécessiter d’enduire les murs
Système constructif bois
- Dans l'extension (le "Lien"), les poteaux et les planchers sont en CLT
- Escalier en structure bois
Fonctionnement de la ventilation naturelle
- Les entrées d’air sont positionnées en façade sous les menuiseries : l’air entrant est préchauffé par les radiateurs, positionnés sous les menuiseries
- Des grilles de transfert sont positionnées en imposte des cloisons pour faire transiter l’air : les plénums des faux-plafond permettent d’acheminer l’air jusqu’aux façades opposées, côté patio (des variations de principe sont constatées selon les niveaux)
- Le balayage de l’air est généré naturellement par le tirage thermique (en hiver principalement) et par l'effet dépressionnaire du patio en toute saison
- L'air est extrait par des registres motorisés en façade du patio pour la majorité des espaces de la médiathèque et par des cheminées de ventilation en toiture pour les espaces de bureaux de la médiathèque et la maison des réfugiés
- Des sondes CO2 sont prévues pour suivre la qualité de l’air : elles contrôlent l'ouverture des registres motorisés et indiquent aux occupants lorsqu'il est nécessaire d'ouvrir les fenêtres en complément (en saison estivale principalement)
- Des ouvrants verticaux complétés de persiennes extérieures fixes permettent d’assurer une ventilation naturelle nocturne pour améliorer le confort d’été. Leur ouverture est manuelle et sera gérée par le personnel et les usagers de la Médiathèque.
Economie circulaire
- La découpe de certains planchers et l'évidement du bâtiment R+3 génèrent des double-hauteurs et un patio permettant de faire circuler l'air et la lumière, mais cela génère également des découpes de dalles et voiles en béton qui seront ré-utilisées pour le revêtement de sol du parvis extérieur
- Récupération des sanitaires et de radiateurs (réemploi in-situ)