Le modèle économique linéaire a instauré un schéma de production/consommation entraînant l'épuisement de certains gisements, la surexploitation de ressources renouvelables dépassant leur capacité de régénération annuelle, le franchissement des limites planétaires (7/9 déjà franchies), une consommation énergétique élevée, d'importantes émissions de gaz à effet de serre et une production massive de déchets. En France, le secteur du BTP est le premier consommateur en ressources, représentant environ 53% du total selon l’Eurostat et 380Mt selon l’ADEME. En 2022, le secteur du bâti représente 43% de la consommation énergétique nationale et 23% des émissions de CO2, d'après l'IFPEB. Chaque année, la France perd entre 20 000 et 30 000 hectares d'espaces naturels, agricoles et forestiers sous la pression des activités humaines, nécessitant une approche différente de la part de tous les acteurs de la chaîne de l’acte de construire.
Le réemploi est un des piliers de l'économie circulaire et vise une atténuation des impacts anthropiques de l'acte de bâtir sur nos écosystèmes.
NB : Pour une question de simplification, dans ce texte, le réemploi décrit “toute opération par laquelle des produits, qui ne sont pas des déchets, sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus” ainsi que pour un nouvel usage.
Par Ana Claudia CORREA DIAZ, Myriam FERRIER
Le réemploi, sixième pilier de l’économie circulaire
Existent aujourd’hui différentes définitions de l’économie circulaire, dont une seule origine ne peut pas être retracée. En tout état de cause, le schéma circulaire propose de sortir du modèle linéaire de production et de consommation afin de réduire l’impact environnemental. Selon l'ADEME, sept piliers structurent l’économie circulaire. Le réemploi, en tant que système de prolongement du cycle de vie des matériaux, visant la réduction de la production des déchets et du puisement de matières premières nécessaires à la production des matériaux nouveaux, apparaît comme sixième pilier de l’économie circulaire.
- Approvisionnement durable : une rationalisation de l’exploitation des matières premières, chercher des matières optimales en termes de CO2, énergie, qui soit renouvelables, locales
- Écoconception : l'anticipation de la fin de vie pour permettre le réemploi et la maximisation de la revalorisation de la matière avec une faible conso énergétique
- Écologie industrielle (et territoriale): optimiser l’usage des ressources par les activités, créer des synergies entre entreprises locales (mutualiser des services, des moyens, des flux…)
- Économie de la fonctionnalité : privilégier l’usage à la possession
- Consommation responsable : prise en compte des impacts ESS
- Allongement de la durée d’usage : réemploi et réutilisation
- L’amélioration de la prévention, de la gestion et du recyclage des déchets, y compris en réinjectant et réutilisant les matières issues des déchets dans le cycle économique
Le bois de réemploi
Le bois est un matériau largement utilisé dans les domaines de la construction (éléments structurels, second œuvre), du mobilier, de certaines infrastructures (ferroviaires), entre autres, et à différentes époques. Avec des gisements disponibles, ce matériau a tout à fait sa place dans l'économie circulaire. Le bois a prouvé ses performances techniques, même dans les projets de construction d'envergure. Bien que la construction en bois ait été délaissée au XIXe siècle au profit de la fonte, du béton armé et de l'acier, ce matériau chargé d'histoire reste présent dans nos environnements urbains contemporains. Il pourrait jouer un rôle central dans le secteur du réemploi.
Pourquoi donner une seconde vie au bois de construction ?
Les avantages environnementaux, économiques, sociaux et spécifiques à une opération de réemploi ont été décrits dans le dossier le réemploi de matériaux de construction édité par Ekopolis.
Tout d'abord, il est crucial de souligner que la forêt, d’où est prélevée la matière (bois) objet ce dossier thématique, offre trois services écosystémiques essentiels :
- des services de régulation tels que la préservation de la biodiversité, la régulation de l'eau, la séquestration du carbone et la protection du sol ;
- des services de production incluant le bois, les champignons, la chasse et les fruits ;
- ainsi que des services culturels et récréatifs.
Une question essentielle est celle de trouver un équilibre entre ces trois types de services. Point important à tenir en considération lorsqu'on réfléchit à la construction en bois et au réemploi de ce matériau.
La construction en bois permet de :
- Substituer d’autres matières carbonées à fort impact environnemental et éviter des émissions CO2. Selon la CNPF utiliser 1m3 de bois économise 0,8t de CO2.
- Stocker du CO2 du fait que lors des exploitations des arbres une partie du CO2 reste stocké dans les produits de bois, ce qu'on appelle des émissions CO2 négatives. Selon la CNPF 1m3 de bois stocke 1t de CO2.
- Séquestrer du CO2 alors que dans le processus de photosynthèse la forêt garde le carbone. Selon la CNPF 20 tonnes de CO2 sont séquestrées durablement en forêt (sols...) lors de la production d’1m3 de bois.
- Utiliser des matériaux locaux (1/3 de la France est occupée par la forêt)
- Tout en participant à la dynamisation d’une filière stratégique nationale où 100% de la matière peut être valorisée (flux de la filière bois nationale par Carbone 4)
- Soutenir des emplois tant traditionnels qu'innovants à forte valeur ajoutée
Soutenir une filière dont les modes constructifs valorisent le savoir faire qualifié
Le bois de réemploi permet quant à lui :
- De contribuer à la réponse à une demande croissante de construction en bois
- De prolonger, via le réemploi le bénéfice du stockage CO2 du bois de construction
De réduire la pression sur la foret, élément structurel en tant que puit CO2, stock CO2, espace de biodiversité confronté aux impacts du changement climatique :
“Avec 76% des absorptions d’émissions de gaz à effet de serre comptabilisées en 2020 dans le dernier rapport national d’inventaire (NIR) établi par le CITEPA pour la Convention-cadre des Nations Unies sur le climat (CCNUCC), la forêt est de loin le premier flux de séquestration de carbone en France. L’objectif de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) est de doubler les flux d’absorptions d’ici à 2050 par rapport à 2015” (carbone 4)
Par ailleurs, d'après le récent rapport du CITEPA, "malgré une croissance en surface et en volume, la forêt française a subi une diminution de 25% en capacité de stockage (en ktCO2e) en 2019 par rapport à 1990 et de 50% par rapport à 2010. Si des perturbations ponctuelles comme la tempête de 1999 peuvent expliquer ces variations, ce sont des facteurs plus structurels tels que les sécheresses, les stress hydriques, les problèmes sanitaires ou encore le ralentissement de la croissance et l'augmentation des prélèvements qui expliquent cette baisse sur le long terme” (carbone 4).
- De préserver la biodiversité qui se confronte déjà aux aléas du changement climatique (incendies, scolytes)
- De concilier les avantages de la construction en bois et l’impératif de limiter l’impact sur les ressources
- De valoriser le “gisement” de matière présente dans la mine urbaine, autrement qualifié de déchet
- D'éviter la production de déchets et les émissions CO2 induites
- Dans le cadre de l’économie circulaire, le réemploi de bois prend du sens en tant que pratique décarbonée et donc locale avec une logistique à faible impact
- De soutenir la filière de bois de réemploi
- De favoriser l'intégration d’entreprises de l’économie sociale et solidaire souvent associées à la démarche circulaire
- De participer à la préservation des métiers traditionnels tout en innovant et en créant de nouveaux métiers
Le bois de réemploi en Ile-de-France :
Le réemploi du bois, inscrit dans la démarche d’économie circulaire et participe aux actions de réduction des émissions de GES avec un objectif de neutralité d’ici 2050 (Zéro Émission Nette : réduire, réutiliser et recycler).
En ce qui concerne la réduction des déchets, depuis 2016 la Région s'est engagée via l'adoption du Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets et de sa Stratégie Régionale d'Économie Circulaire. Y est inscrit l’objectif “zéro déchet" qui consiste à tendre vers la réduction des quantités de déchets ultimes et non-valorisables, en agissant sur toutes les étapes de leur production.
Dans la classification des déchets, le bois appartient à la classification des déchets d’activités économiques (DAE), déchets non dangereux et non inertes.
Il s'agit d'un matériau largement utilisé dans les domaines de la construction (éléments structurels, second œuvre), du mobilier, de certaines infrastructures (ferroviaires), entre autres, et à différentes époques. Avec des gisements disponibles, ce matériau a tout à fait sa place dans l'économie circulaire. Le bois a prouvé ses performances techniques, même dans les projets de construction d'envergure. Bien que la construction en bois ait été délaissée au XIXe siècle au profit de la fonte, du béton armé et de l'acier, ce matériau chargé d'histoire reste présent dans nos environnements urbains contemporains. Il pourrait jouer un rôle central dans le secteur du réemploi.
Un cadre incitatif pour le réemploi :
En plus de répondre aux enjeux de préservation de la biodiversité, de décarbonation, de préservation des ressources naturelles et de réduction des déchets, le bois de réemploi bénéficié d’un cadre incitatif transcrit dans les textes stratégiques, à savoir :
- Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV) qui introduit la Stratégie nationale bas carbone visant la neutralité en 2050 (SNBC). Le réemploi peut être un levier de décarbonation.
- Stratégie nationale biodiversité 2030 (SNB) qui a pour objectif de réduire les pressions sur la biodiversité, de protéger et restaurer les écosystèmes et de susciter des changements en profondeur afin d’inverser la trajectoire du déclin de la biodiversité. Le réemploi peut permettre d’éviter de puiser dans la nature en préservant la biodiversité.
- La loi Anti-Gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) prévoit plusieurs mesures pour favoriser le réemploi, le recyclage, l'usage de matériaux biosourcés, ou réemployés. Elle :
- A créé la filière de responsabilité élargie du producteur (REP). Elle constitue une application du principe pollueur-payeur, et part du principe fondamental que les producteurs doivent assurer le financement et/ou la collecte et du traitement des déchets classés en 2 catégories 1 et 2 issus des produits qu’ils mettent sur le marché.
- Rend obligatoire la réalisation d’un diagnostic des produits, équipements, matériaux et déchets avec un tri à la source (PEMD) en amont d’une opération de démolition ou de rénovation significatives. Le dispositif se décompose en deux temps : un diagnostic préalable aux travaux et un récolement à l’issue des travaux.
Les eco-organismes récoltent les éco-contributions auprès des producteurs et les redistribuent aux collectivités territoriales ou à d'autres opérateurs qui assurent la collecte et le tri de ces déchets, dès lors que ces collectivités ou ces opérateurs en font la demande. Des objectifs chiffrés de réemploi sont établis, à savoir 2% en 2024 et 4% en 2027 pour atteindre 5% en 2028 sur 2 catégories de produits.
Les éléments en bois appartiennent à la catégorie 2 de déchets, à savoir “les déchets non inertes non dangereux ainsi que le verre” (10.000 kt environ) et représentent presque un quart des déchets.
- Dans le cadre de la réglementation environnementale en vigueur (RE 2020) qui analyse les projets neufs et grandes réhabilitations sous le prisme énergie et empreintes carbone avec des seuils à exigence croissante (2025, 2028, 2031), les matériaux de réemploi sont comptabilisés avec un poids carbone nul.
- L’ACV analyse du cycle de vie normative des bâtiments se construit sur la base des fiches des produits de construction FDES. Outil multicritère qui présente les résultats de l’Analyse de Cycle de Vie d’un produit, ainsi que des informations sanitaires dans la perspective du calcul de la performance environnementale et sanitaire du bâtiment pour son éco-conception. La NF EN 15804 concernant les nouvelles FDES impose le renseignement du module D, et récompense les produits intégrant la valorisation des déchets (réemploi, recyclage, et la récupération).
- Par ailleurs, certains labels de construction valorisent particulièrement le réemploi, pour aller plus loin consulter l’article.
Pour aller plus loin
Des références chez Ekopolis
[PLÉNIÈRE] Bois et réemploi
[SHORTS] Les 3S du bois de réemploi
[DOSSIER THÉMATIQUE] Le réemploi des matériaux de construction
[DOSSIER THÉMATIQUE] Les grands enjeux de la prévention et de la gestion des déchets de construction
[VISITE D’OPÉRATION] Envie de labo
[VISITE D’OPÉRATION] Chaume urbain
[VISITE D’OPÉRATION] La Bricole
[VISITE D’OPÉRATION] Hilton garden Inn
[VISITE D’OPÉRATION] Communale
D’autres sources et bibliographie
Où et comment utiliser le bois de réemploi ?
Le bois de réemploi peut trouver différentes applications en termes de construction.
Où ? De manière générale, l'on distingue initialement le gros œuvre, le second œuvre, ainsi que le mobilier, et les aménagements extérieurs.
A la lumière des pratiques de réemploi, à l'appui de l’identification des couches du bâtiment de Frank Duffy puis Stewart Brandt, l’étude FCRBE détaille 9 familles de couches du bâtiment pour l’application des matériaux de réemploi.
D’autre part, le CSTB signale 29 familles de matériaux propices au réemploi.
Éléments d'un bâtiment et leur durée de vie typique, avant qu'un remplacement ne soit nécessaire. Source : Bringing embodied carbon upfront, World GBC
Quelques références d'application du bois de réemploi
A la rencontre des deux lectures (FCRBE + CSTB) le tableau ci-dessous présente des exemples d'opérations avec du bois de réemploi, ainsi que leurs applications.
La première colonne du tableau identifie les catégories (couches) issues de l'étude FCRBE. La deuxième colonne signale parmi les familles propices au réemplois détectées par le CSTB, celles correspondant aux éléments en bois. La troisième colonne présente des références de projets intégrant du bois de réemploi (liste non exhaustive), dont certains sont accompagnés par la démarche BDF ou QDF d'Ekopolis. Enfin, des exemples étrangers illustrent également les pratiques de réemploi du bois.
Pour aller plus loins sur les références de projet consulter le dossier Bois et réemploi : les projets de mise en oeuvre du réemploi de bois de construction
Un changement de paradigme en termes d'approche au projet ?
Lorsqu'on utilise des matériaux de réemploi, on exploite ce qu'on appelle la "mine urbaine". Ces matériaux ont déjà eu une première vie, avec leurs caractéristiques techniques et esthétiques. Leur disponibilité dépend de divers facteurs tels que l'identification du gisement (lié à l’élaboration du diagnostic ressources et PEMD), le processus de déconstruction, la collecte, le reconditionnement éventuel, et leur mise à disposition (via un don ou une plateforme). Ce processus implique une approche différente de la conception et de la gestion de projet. En effet, il ne s'agit plus d'adapter à tout prix la matière au "trait" du projet, mais de concevoir en tenant compte des spécificités et disponibilités des matériaux récupérés.
Le projet s'adapte à la ressource, ou alors c'est l'inverse ? Une réponse avec des nuances ...
Pour reprendre les propos de l'ouvrage Réemploi, architecture et construction sous la direction de Pierre Belli-Riz "la démarche de réemploi dans l'acte de bâtir a un impact significatif sur le processus de projet architectural. Elle oblige le concepteur à réorganiser voir interroger ses méthodes de projet (..) Si dans la plupart des cas les opérations consistent simplement à replacer un élément neuf par un élément de réemploi, certains projets sont façonnés par la ressource mobilisée, générant parfois la forme même de l'édifice" .
Dans tous les cas, la conciliation entre l'objectif de projet (fonctionnel, esthétique, formel…) et la ressource (classement, format, volume, disponibilité...) est nécessaire, avec plus ou moins de souplesse.
Juste pour un citer deux cas de figure parmi d'autres :
Dans le cas où un composant du bâtiment (charpente par exemple) serait réemployé avec le même usage. Les caractéristiques spatiales, techniques, formelles, seront des invariantes pour le projet de destination et la conception devra donc intégrer cette condition.
Dans un autre cas où les éléments en bois du composant (composants de la charpente par ex) seront réemployés avec un nouvel usage, leurs caractéristiques (techniques, formelles..), leur volume disponible seront des invariants. Alors les éléments singuliers pourront être réemployés pour composer de nouveaux éléments structurels ou pas avec une nouvelle fonction selon les préconisations du concepteur.
Par ailleurs dans l'ensemble des cas la temporalité de disponibilité, la question logistique des composants/matériaux seront des conditions qui marqueront la gestion du projet et éventuellement la conception également.
Comme évoqué dans de multiples ouvrages, le réemploi est une pratique ancienne. A titre d’exemple dans le projet d’expérimentation Sixième Toit la présence d’assemblages anciens (embrèvement, délardement d’arêtier, etc) au niveau de certains composants de poutres de plancher en chêne démontés en vue d’un futur réemploi, ont permis de comprendre qu’ils avaient déjà connu une vie en tant que charpente.
Quel est le déroulé d'une opération de réemploi (déconstruction, déconstruction/construction et construction) ?
Pour connaitre le déroulé d'une opération de réemploi consulter le dossier le réemploi de matériaux de construction édité par Ekopolis.
Qui sont les acteurs d'une opération avec du bois de réemploi ?
La démarche d’une opération de réemploi implique l’intégration de nouveaux acteurs (voir dossier thématique le réemploi de matériaux de construction édité par Ekopolis.).
Participent à l'opération :
MOA : commanditaire, donneur d’ordres, non sachant, responsable de l’opération,
- Affirmant et portant la volonté d’intégrer une démarche de réemploi au projet
- Définissant une stratégie et un plan d’action pour ce faire dès la genèse du projet
- Se donnant les moyens pour intégrer une démarche de réemploi :
- S’entourant des compétences engagées et sachants dans ce type de démarche : maîtrise d’œuvre, expert réemploi/AMO, bureau de contrôle, assurance
- Définissant des objectifs de réemploi à l’appui des compétences associées
- Sécurisant les moyens pour intégrer une démarche de réemploi : enveloppe projet, pièces marché, intégration lot (0) réemploi
- Évaluant les différents bénéfices induits par la démarche de réemploi
MOE : équipe technique au service du projet : maître d’œuvre, bureau d’études,
- En tant que responsable de la conformité architecturale, technique, économique de l’ouvrage, la maîtrise d’œuvre, notamment l’architecte, contribue au projet en :
- Concevant le projet avec une approche d’économie circulaire y intégrant une démarche de réemploi
- Conseillant la maîtrise d’ouvrage pour un allotissement approprié aux démarches de réemploi.
- Vision globale du projet/chef d’orchestre
Conducteur de l’opération : gestionnaire de projet
Bureau de Contrôle : dont la mission est la prévention des risques techniques liés à la réalisation d'ouvrages. À ce titre, il assiste le maître d'ouvrage, public ou privé, dans son projet de construction en procédant à des contrôles techniques de différentes natures et suivant les besoins. Dans le cadre des démarches d’innovation dont le réemploi sa participation dès l’amont est fondamentale.
CSSI : coordinateur de systèmes de sécurité incendie
Contrôleur technique : la prévention de risques techniques de l’opération
CSPS : Coordonnateur en matière de sécurité et de protection de la santé
OPC : ordonnancement et coordination de l’ouvrage, qui nécessitera d'intégrer les éventuels besoins liés à la livraison et au stockage des matériaux, ainsi qu’à l’articulation des tâches des multiples acteurs du projet.
Synthèse et économiste
La construction en bois requiert des compétences propres avec des acteurs spécifiques concernant :
La résistance au feu, l’acoustique, la thermique, la structure
Concernant le volet réemploi participent :
AMO de la 2de vie des ressources qui contribue au projet en :
- Réalisant le diagnostic « Produits Matériaux Déchets » et/ou ressources dans le cas d’une opération de déconstruction. Il quantifie et qualifie ainsi les matières présentes sur le chantier afin de proposer des pistes de réemploi ou de valorisation ;
- Accompagnant la maîtrise d’ouvrage dans la rédaction des cahiers des charges de consultation des entreprises ;
- Menant les études de faisabilité nécessaires ;
- Préconisant les techniques de chantier adaptées (méthodes de dépose, traitement et pose) ;
- Faisant le lien entre les différents acteurs, en particulier avec les assurances et bureaux de contrôle.
Spécialistes diagnostiqueurs PEMD responsables d’identifier le gisement in situ
- Rôle clé dans la définition des boucles de circularité
- Compétences définies dans le décret n° 2021-822 du 25 juin 2021
- Mise en place de formations certifiantes
Assureurs de la construction
- Au même titre que le bureau de contrôle dans le cadre de projets d’innovation il est indispensable de les associer au plutôt de la démarche, ils participent
- Accompagnant les différents acteurs dans le montage assurantiel du projet,
- Ajoutant des clauses dans leurs contrats afin de clarifier le partage des responsabilités et faciliter les démarches de réemploi (clauses spécifiques dans la garantie décennale ou l’assurance dommage ouvrage notamment).
Filières de valorisation
Gestionnaires de déchets (opérateurs du tri, spécialistes de la collecte, plateformes)
Plateformes
Les plateformes de réemploi peuvent être physiques et/ou numériques. Elles participent au projet en :
- Centralisant l’offre ou la demande en matière de matériaux de réemploi. Il est ainsi possible d’y mettre en vente des matériaux ou de s’y approvisionner ;
- Assurant la dépose et la préparation des matériaux dans certains cas ;
- Offrant un cadre contractuel à l’échange de matériaux entre projets.
Ces plateformes sont parfois gérées par des experts réemploi proposant également des prestations de conseil.
Industriels
Eco organismes : sociétés de droit privé détenues par les producteurs et distributeurs pour prendre en charge, dans le cadre de la Responsabilité élargie du producteur, la fin de vie des équipements qu’ils mettent sur le marché
Entreprises
Les entreprises de travaux sont garantes de l’opérationnalité de la proposition de la maîtrise d’œuvre. Elles contribuent au projet en :
- Adaptant leur approvisionnement en matériaux (provenance et quantité) ;
- Organisant le chantier de sorte à faciliter la livraison et l’évacuation des matériaux et maintenir ces derniers en bon état ;
- Réalisant les travaux avec des méthodes de dépose et/ou mise en œuvre des matériaux rendant possible leur réemploi.
Certaines entreprises peuvent également être compétentes en matière de préparation et traitement des matériaux en vue de leur réemploi.
Pour aller plus loin quelques ressources
[DOSSIER THÉMATIQUE] Le réemploi des matériaux de construction
[PLÉNIÈRE] Bois et réemploi
D’autres sources
La Carte des acteurs du réemploi de Remix
Guide de l’association OREE et du CSTB Secteur du bâtiment : comment mieux valoriser et déconstruire ?
Le vrai / faux sur le bois de réemploi ...
[Vrai/Faux] Il est difficile d’engager l’ensemble des acteurs dans la démarche de réemploi :
Pour rassembler tous les acteurs et parties prenantes autour du projet, plusieurs éléments clés doivent être pris en compte :
Il est essentiel que la maîtrise d’ouvrage affiche une volonté claire et affirmée de promouvoir le réemploi.
Une communication transparente sur ce sujet avec les équipes est primordiale, tout comme la compréhension des impacts sur les étapes et processus du projet afin de mieux anticiper.
Il est également crucial d'intégrer dès le départ les compétences des experts, afin de calibrer correctement l’ambition, de définir une stratégie et de formaliser les outils, marchés et éléments de missions nécessaires.
La communication et la pédagogie joueront un rôle central dans ce processus. Organiser des réunions de sensibilisation sur les avantages de cette démarche (réduction des déchets, économies de CO2, etc.) peut aider à fédérer les équipes autour d’un objectif commun : réaliser le projet de la meilleure manière possible.
Enfin, les marchés de type Conception-Réalisation peuvent garantir le choix d'entreprises compétentes en matière de réemploi et faciliter la transition de responsabilités entre la maîtrise d’œuvre et les entreprises.
... en lien avec la typologie de projet
[Faux] Le bois de réemploi est réservé à un seul type de projet
L'intégration de matériaux/composants issus du réemploi au niveau du projet peut transformer le processus de conception et le déroulement traditionnels, ainsi qu'avoir un impact au niveau des coûts. En raison de ces changements, il peut être perçu comme étant adapté à certains types de projets seulement, de projets de bâtiments tertiaires ou la construction de logements en accession libre, jugés trop coûteux pour des logements sociaux. Ou alors étant réservé à des projets de petite envergure pour garantir leur rentabilité.
Cependant, le réemploi peut être appliqué à tous les types de projets, quelles que soient leur nature et leur taille (voir les fiches d’opérations pilotes du projet européen FCRBE ainsi que la liste des projets utilisant du bois de réemploi)
Le pourcentage de matériaux réemployés varie d'un projet à l'autre, en fonction du contexte (ressources disponibles, filières...) et des ambitions des acteurs engagés dans cette démarche.
[Faux] Adieux à l'esthétisme du projet avec le bois de réemploi ?
Les projets de réemploi peuvent s'inscrire en différentes écritures. Quelques exemples d'opérations diverses :
- La façade du conseil européen
- La Maison des canaux ( cloture, revetement de sol, parquet...)
- Agemencement intérieur (cuisine)
- Envie de Labo, Hilton Garden Inn, Communale, La Bricole
...en lien avec le montage de projet et les pièces marché ...
[Vrai/Faux] Mon niveau de connaissances sur le réemploi est insuffisant
Plusieurs ressources, y compris des formations, webinaires et visites, sont aujourd'hui à disposition pour renforcer les compétences liées aux pratiques de réemploi, qu'elles soient gratuites ou payantes. Par ailleurs, un grand nombre de guides techniques et juridiques sont offerts gratuitement, proposant des outils méthodologiques et des exemples pratiques pour le réemploi.
Pour en savoir plus : pour trouver des exemples de formations, rendez-vous à la partie « 9. Les aides à l’échelle francilienne » de ce dossier
Pour trouver des exemples de guides techniques et juridiques, rendez-vous à la partie « 8. Les ressources incontournables » de ce dossier
[Vrai] Il est fondamental d’associer le bureau dans la démarche de réemploi
Lors des processus innovants, comme ceux utilisant du bois de réemploi, il est essentiel de travailler en étroite coopération avec le bureau de contrôle et les assurances.
Ils ont un rôle décisif en termes de validation.
Dans ce sens leur association du moment où la démarche d'innovation/réemploi est actée sera stratégique.
...en lien avec les questions techniques
[Faux] Il est impossible de répondre aux exigences réglementaires avec le bois de réemploi
La réglementation évolue régulièrement et va dans le sens d’une augmentation des exigences de performance des constructions. Les matériaux de réemploi peuvent alors paraître moins performants que les matériaux neufs, a priori conçus en tenant compte de cette réglementation. Alors... pas nécessairement !
Premièrement la performance d’un bâtiment ne dépend pas d’un unique élément/matériau.
En ce qui concerne les éléments issus du réemploi ils peuvent répondre aux exigences réglementaires. Or, leur l'idonéité doit être prouvée via des tests (labo ou par échantillonnage).
- D'autre part, un matériau ou composant issu du réemploi peut être réutilisé pour un autre usage que celui auquel il répondait initialement. Certains usages sont ainsi moins contraints par la réglementation.
[Faux] impossible de répondre aux exigences réglementaires incendie avec le bois (de réemploi)
La réglementation incendie des matériaux en France vise à protéger la vie des citoyens et à prévenir de futurs sinistres.
Trois aspects sont à considérer pour toutes les constructions, y compris celles en bois et leur réemploi :
- La réaction au feu (avant le flashover) se réfère à la manière dont un matériau peut alimenter le feu, exprimée par un classement français (M) ou euroclasse (UE). Cela indique la capacité d'un produit à contribuer à l'extension du feu selon son niveau de combustibilité, allant d'un combustible à facilement inflammable. Ce critère s'applique uniquement aux matériaux de revêtement (sols, murs, façades) et aux éléments structurels de surface, mais pas aux éléments porteurs comme les poteaux et poutres. La réglementation définit la classe de réaction au feu requise selon l'emplacement du produit.
- La résistance au feu (après le flashover) quant à elle, est le temps durant lequel un élément de construction limite la propagation du feu. Elle concerne les éléments porteurs (poteaux, poutres, toitures, planchers) ainsi que les éléments de séparation ou de protection (cloisons, portes, plafonds, conduits, clapets, ventilateurs de désenfumage).
- Le risque de propagation
Bien que le bois est combustible, il offre une excellente résistance au feu, préservant ses propriétés mécaniques et assurant la stabilité des structures. De plus, il présente une faible dilatation thermique et une conductivité thermique réduite. Selon le type de construction et les composants, des alternatives peuvent être envisagées pour répondre aux exigences de sécurité, en collaboration avec les acteurs concernés, notamment le Bureau de contrôle, et à valider par les Sapeurs-pompiers.
Il est également envisageable d'associer le bois à d'autres matériaux pour mieux répondre aux exigences (plâtre par exemple).
Il est essentiel de veiller aux conditions de protection et de stockage durant la phase chantier. Parmi les incidents survenus dans des bâtiments en bois, on peut mentionner un incendie dans un établissement public en bois paille à Montfermeil : « Une enquête est en cours. L'incendie s'est produit à un moment critique, lorsque la construction était la plus vulnérable. La structure en bois était terminée et l'isolant en paille installé. Cependant, les enduits en plâtre et en terre crue, qui assurent le coupe-feu, ainsi que les fenêtres, qui auraient pu freiner l'intensité des flammes, n'étaient pas en place. Les bonbonnes de gaz utilisées pour l'étanchéité ont explosé, provoquant la destruction totale du bâtiment (ici). »
Quelques documents à tenir en compte :
[Faux] Impossible de répondre aux exigences acoustiques avec le bois (de réemploi)
Dans chaque projet de construction, l'acoustique est un élément à ne pas négliger. Les exigences varient selon le type de programme et le type d'espace ou de composant, qu'il s'agisse de logements, de bureaux, de murs intérieurs ou mitoyens. Pour les constructions en bois, l'acoustique et le traitement des basses fréquences doivent être des priorités. Bien qu'il soit possible de satisfaire aux exigences, cela nécessite une attention particulière aux choix constructifs, au système d'isolation, qui joue un rôle clé dans le confort acoustique, ainsi qu'aux solutions éventuellement nécessaires pour réduire les ponts acoustiques et traiter les basses fréquences. En fonction de l'utilisation du bois (sa localisation dans le projet et les exigences spécifiques du programme) et de son interaction avec d'autres matériaux et systèmes, les solutions doivent être soigneusement étudiées. Cette approche est essentielle pour le succès de tout projet, rendant indispensable l'intégration du conseil acoustique dès le début. Pour plus d'informations, veuillez consulter Acoubois.
[Vrai/Faux] Bois de réemploi : ils ne peuvent pas être mis sur le marché faute de marquage CE ou NF
Les démarches de réemploi n’impliquent pas nécessairement une mise sur le marché des matériaux : les échanges directs entre professionnels (vente ou don) peuvent être privilégiés pour contourner cette contrainte.
Il est possible de passer par des acteurs intermédiaires qui proposent une remise en état des matériaux, accompagnée par un nouveau marquage CE ou NF.
... en lien aux questions de prix
[Vrai/Faux] Bois de réemploi : il est plus coûteux que le bois neuf
Pour comparer le comparable l'étude menée par l'Ifpeb, Cycle Up, A4MT (Booster du réemploi) et Alliance Économie fait la différence entre prix direct et prix indirect et analysé 21 familles parmi les 29 familles de produits identifiées par le CSTB en 2022 en confrontant produits de réemploi et neufs (haut, moyenne bas de gamme). Quelques idées clés résultat de leur étude :
- Le réemploi coûte en moyenne le même prix que le neuf (cela va varier selon les matériaux et produits)
- En moyenne, 40% du coût du réemploi est lié au reconditionnement (préparation et qualification).
- La maîtrise des coûts de stockage est un facteur clé, l’anticipation de la demande est le principal levier.
- Le réemploi direct coûte en moyenne -4% par rapport au réemploi indirect.
- Deux paramètres principaux influencent la différence de coût entre neuf et réemploi : la gamme du produit neuf remplacé et la maîtrise du coût de qualification
- Le critère le plus important pour choisir les flux réemployés n’est donc pas le prix, mais la facilité de mise en œuvre. On peut distinguer les « flux faciles » des « flux ambitieux »
- Le réemploi implique un nouveau process d’achat pour les maîtres d’ouvrage qui doit être anticipé et intégré au planning
Pour télécharger l’étude
[Faux] La déconstruction est plus coûteuse que la démolition
Une dépose sélective soignée et en sécurité de matériaux en vue de leur réemploi est effectivement plus coûteuse actuellement qu’une démolition. Cela s’explique par des besoins spécifiques en équipements et compétences, mais aussi par des étapes supplémentaires telles que le temps d’emballage ou le stockage.
Pistes de leviers d’action :
- L’anticipation et la planification des différentes étapes de déconstruction en amont du projet permet de réduire le risque d’aléas et ainsi de réduire les surcoûts. La réalisation d’un diagnostic ressources et d’une étude d’impact économique, mais aussi la consultation de retours d’expérience sont des exemples de moyens pour mieux anticiper la déconstruction.
- Les surcoûts engendrés par une déconstruction doivent être analysés en tenant compte du bilan global de l’opération. Le réemploi peut engendrer des bénéfices financiers qui permettent de tendre vers un équilibre financier : réduction des coûts d’achat de matériaux, gains liés à la vente de matériaux de réemploi, évitement des coûts de mise en décharge, etc.
- Il est possible de prévoir dans le marché de déconstruction que l’entreprise sera bénéficiaire des éventuels profits liés à la revente de matériaux. Cela peut permettre de réguler les prix plus élevés de prestation.
- Au-delà des aspects financiers, il est important de tenir également compte du « coût environnemental » d’un projet, de son impact carbone, qui joue sur l’image des acteurs du projet. Une déconstruction est alors plus avantageuse qu’une démolition.
[Vrai/Faux] la pose est plus coûteuse que celle de matériaux neufs
Les coûts de pose de matériaux neufs et issus du réemploi sont dans la plupart des cas comparables. Quelques exemples de bonnes pratiques pour s’en assurer :
- Le coût de pose est généralement noyé dans un prix global qui inclut également l’approvisionnement en matériaux, ainsi qu’une marge que définit chaque entreprise. Pour permettre de comparer les coûts de pose de matériaux neufs ou issus de réemploi, il est donc nécessaire d’exiger des entreprises qu’elles distinguent dans leur chiffrage ces deux coûts.
- Les entreprises de travaux peuvent avoir tendance à chiffrer un coût de pose plus important pour des matériaux réemployés, par crainte d’une pose plus complexe. La description précise des domaines de réemploi, incluant la méthode de pause, dans le diagnostic ressources est donc importante pour rassurer les entreprises.
- Dans le cas où le maître d’ouvrage a pris en charge la fourniture en matériaux de réemploi, il peut voir apparaître des coûts supplémentaires en cas de surplus à faire enlever. Pour éviter ce type de surcoût, il est possible d’intégrer au marché de l’entreprise de pose l’enlèvement des surplus éventuels.
... en lien avec les questions assurantielles et juridiques
[Faux] il n’est pas possible de céder un matériau issu du réemploi à une autre maîtrise d’ouvrage ou une entreprise
Se référer à la partie « 4.5. L’élaboration de conventions de cession » du dossier Réemploi des matériaux de construction pour en savoir plus.
[Faux] Il est impossible d’assurer le bois de réemploi
La question du risque existe dans tous les projets. En France elle est encadrée par la loi Spinetta 1978. À son égard 4 notions sont importantes à comprendre.
Traditionnalité et non traditionnalité
La construction traditionnelle repose sur des retours d’expérience solides permettant de guider les pratiques de manière normée, avec une approche générique.
À l’inverse, la construction non traditionnelle se caractérise par des pratiques individuelles, moins répandues et non standardisées, rendant la gestion des risques plus difficile.
Techniques courantes et non courantes
Les assureurs ont adapté cette distinction en définissant des techniques courantes et non courantes, chaque type étant encadré par la C2P (dans sa publication semestrielle). Les travaux relevant de la technique courante bénéficient des garanties habituelles, tandis que les techniques non courantes nécessitent des dispositions spécifiques préalables. En cas d’absence d’assurance (hors loi Spinetta de 1978), la revente dans les dix ans suivant la construction est impossible, comme cela a été le cas pour les Castors.
Pour rappel les assurances obligatoires sont un système à double détente :
La MOA assure la Dommage ouvrages qui couvre les vices et les malfaçons qui menacent la solidité du sol et la solidité des éléments d’équipement qui ne peuvent pas être dissociés de l’ouvrage. Elle ne couvre pas la non-conformité.
Les constructeurs assument la garantie décennale qui couvre les dommages survenus après la réception des travaux par le maître d’ouvrage pour le compte de laquelle des travaux ou un ouvrage immobilier sont réalisés pendant 10 ans. Le délai démarre le lendemain de la signature du procès-verbal de réception des travaux. Elle introduit la notion d'impropriété à destination.
Les techniques non courantes doivent faire l’objet d’une analyse au cas par cas par un contrôleur technique. Celui-ci peut alors décider de les intégrer aux techniques courantes grâce à des ATex, des ATec ou des DTA, ou de les laisser dans les techniques non courantes, ce qui peut entraîner des surcoûts assurantiels.
Les appréciations techniques type ATex étant coûteuses et spécifiques à un chantier, de nombreux acteurs du réemploi recommandent que les solutions de réemploi soient maintenues dans le domaine des techniques non courantes le cas échéant, tout en convainquant les assurances de ne pas augmenter les frais d’assurance du projet, ce qui nécessite de les impliquer le plus en amont possible dans le projet. Pour cela, il est possible de s’appuyer sur :
- Des retours d’expérience d’autres projets ayant prouvé la faisabilité de la démarche de réemploi,
- Des référentiels standardisés en cours de réalisation par certains acteurs du réemploi,
Un diagnostic de ressources réalisé par un expert compétent et indépendant de la maîtrise d’ouvrage présentant de manière détaillée la méthodologie de dépose, traitement et nouvelle pose. À noter qu’il existe également des entreprises qui proposent la remise en état de matériaux avec une garantie appropriée.
Les recommandations professionnelles de réemploi (issues des grands programmes pilotées par l’AQC) ont été inscrites dans le document de la C2P en tant que techniques courantes le premier semestre 2024.
La filière acier (qui peut être employé au niveau des assemblages dans la construction en bois) a publié ses Recommandations professionnelles – Réemploi d’éléments structuraux en acier validés par l’AQC, C2P.
Pour aller plus loin se référer à la partie « 4.4. Les démarches d’assurance de matériaux du réemploi » de ce dossier pour en savoir plus.
... en lien avec les questions de gestion de projet
[Faux] Il est difficile de s'approvisionner en bois de réemploi
Le calendrier d’approvisionnement des matériaux de réemploi demande une anticipation importante afin d’identifier le gisement, comprendre ses caractéristiques et le type de réemploi qui sera fait (même usage, nouvel usage).
Existent aujourd’hui des plateformes de mise sur le marché de matériaux de réemploi.
[Vrai/Faux] Un stockage trop complexe à organiser
Pistes de leviers d’actions :
- Passer par des plateformes physiques de réemploi qui prennent en charge le stockage de matériaux.
- Identifier un repreneur des matériaux avant leur dépose pour réduire le temps de stockage, par exemple en passant par les plateformes numériques de réemploi.
- Dans le cadre d’un projet d’aménagement, profiter des différences de phasage entre les projets de construction pour dédier certains espaces au stockage de matériaux.
[Vrai/Faux] L’opération de déconstruction est source de plus de nuisances pour les riverains qu’une démolition
Parce qu’un chantier de déconstruction dure plus longtemps qu’une simple démolition, il est souvent source de nuisances sur un temps plus long (bruit, vibrations, passages de véhicules lourds, etc.).
Pistes de leviers d’actions :
- Mettre en place des mesures d’atténuation : encadrement des horaires de chantier, choix d’équipements faisant l’objet d’adaptations acoustiques, etc.
- Organiser un dialogue avec les riverains pour leur expliquer les bénéfices induits par la déconstruction (valorisation de l’histoire du lieu et de la matière, réduction de l’impact carbone, etc.).
Pour trouver des exemples concrets d'opérations :
Quelques éléments de langage...
L'activité de réemploi des matériaux évolue, avec des filières qui se spécialisent, une législation en évolution, et l'émergence de nouveaux acteurs. Un lexique spécifique accompagne cette dynamique foisonnante dans le domaine du réemploi des matériaux.
Cession : la cession de créance est un contrat par lequel le créancier cédant transmet, à titre onéreux ou gratuit, tout ou partie de sa créance contre le débiteur cédé à un tiers appelé le cessionnaire. Elle peut porter sur une ou plusieurs créances présentes ou futures, déterminées ou déterminables (Legifrance).
Curage : en architecture et dans le secteur du BTP, le curage implique de dénuder totalement ou partiellement un espace ou un bâtiment, laissant ainsi à nu sa structure principale en vue de rénovations ou de réhabilitations. Dans le cas d'un bâtiment, cela signifie retirer tous les éléments de finition.
Déchet : est défini comme tel toute substance ou tout objet, ou plus généralement tout bien meuble, dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire (Article L. 541-1-1 du Code de l’environnement).
Eco organisme : Un éco-organisme est une société de droit privé auquel adhérent les producteurs et distributeurs pour prendre en charge, dans le cadre de la Responsabilité élargie du producteur, la fin de vie des équipements qu’ils mettent sur le marché.
Energie grise : ou énergie intrinsèque, est la quantité d'énergie consommée lors du cycle de vie d'un matériau ou d'un produit : la production, l'extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l'entretien et enfin le recyclage, à l'exception notable de l'utilisation (wikipedia).
Gisement : lieu où se trouve un matériau minéral susceptible d'être exploité (dictionnaire professionnel du BTP).
Mine urbaine : expression qui évoque la ville comme ressource regorgeant de matières et composants valorisables (2nd vie), telles de véritables gisements à exploiter. La notion initialement associée à la mine urbaine de minéraux divers a été créée au Japon. En 2010, une étude révélait la présence de 6800 tonnes d'or potentiellement récupérables à partir d'appareils électroniques usagés au Japon.
Réemploi : pour une question de simplification, dans ce texte, le réemploi décrit “toute opération par laquelle des produits, qui ne sont pas des déchets, sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus” ainsi que pour un nouvel usage.
Réemploi in situ : ce terme concerne le réemploi des matériaux sur le même site.
Réemploi ex situ : ce terme concerne le réemploi de matériaux dans un chantier autre que celui d’origine de la matière.
Ressource : nous entendrons ici comme ressource les moyens matériels disponibles qui ne sont pas des déchets, avec un potentiel de valorisation. C’est le cas des matériaux triés et réemployés, à savoir : « Art. L. 541-4-4.-Dans le cadre d'un chantier de réhabilitation ou de démolition de bâtiment, si un tri des matériaux, équipements ou produits de construction est effectué par un opérateur qui a la faculté de contrôler les produits et équipements pouvant être réemployés, les produits et équipements destinés au réemploi ne prennent pas le statut de déchet. » (Code de l’environnement)
Ressources naturelles : l’ensemble d'éléments biotiques de la terre, ainsi que les diverses formes d’énergie reçues ou produites sans l'intervention de l’homme (CNRTL).
Sourcing : anglicisme qui désigne la fourniture de matériaux et/ou produits.
Vente : convention par laquelle l'un s'oblige à livrer une chose, et l'autre à la payer. Elle peut être faite par acte authentique ou sous seing privé. (Legifrance)
D'autres références chez Ekopolis
[PLÉNIÈRE] Bois et réemploi
[WEBINAIRE] Bois et réemplois en Ile-de-France : Évolution des pratiques dans le bâtiment, comment passer à l'action ?
[CAPSULE] Bois et réemploi : Fiches, guides et programmes R&D aux niveaux français, européen et international
[CAPSULE] Bois et réemploi : les projets de mise en oeuvre du réemploi de bois de construction
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[DOSSIER THÉMATIQUE] La gestion des déchets de construction
[DOSSIER THÉMATIQUE] Le chantier de construction zéro déchet de la barre B du quartier Youri Gagarine de Romainville
[VISITE D’OPÉRATION] Envie de labo
[VISITE D’OPÉRATION] Chaume urbain
[VISITE D’OPÉRATION] La Bricole
[VISITE D’OPÉRATION] Hilton garden Inn
[VISITE D’OPÉRATION] Communale
[SHORTS] Les déchets du bâtiment
[SHORTS] Les 3S du bois
D'autres sources et bibliographie
La construction bois en ile de france de l’Institut Paris Region
Structure bois traditionnelle à Paris : un patrimoine caché et d’actualité, par Christophe GOMAS
Flux de la filière forêt-bois nationale par Carbone 4
Le bois dans l’art de bâtir de la préhistoire au 20e siècle par le CAUE75
Le bois contre la pierre dans la construction parisienne au XVIIIe siècle : choix économique ou choix technique? par Youri Carbonnier
Observatoire de la construction bois en ile de france chez FiboisIDF
Bois de construction chez Opalis
L’étude FCRBE
Engager le réemploi, la liste des 29 familles propices par le CSTB
Le réemploi des matériaux dans l’acte de bâtir par le CAUE92
Le réemploi une innovation à cadrer par la MAF
Les biosourcés et le réemploi à l'épreuve des assurances par la MAF
Réemploi des produits structuraux en acier et assurance – Du nouveau ! par SKOV
Réemploi de matériaux Comment limiter la responsabilité́ des MOA ? par SKOV
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Secteur du bâtiment : comment mieux valoriser et déconstruire ? par ORÉE et le CSTB