[PODCAST] Philosophie du déchet

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Vidéo / Audio
Auteur France Inter
Invitées avec Jeanne Guien et Claire Larroque
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Une analyse philosophique des objets jetables et des déchets peut nous informer sur nous mêmes et sur le fonctionnement de nos sociétés de surconsommation.

L'histoire des objets et la société de consommation. La philosophe Jeanne Guien propose de raconter quelques objets emblématiques de notre société de (sur) consommation, des objets omniprésents dans notre quotidien dans "Le consumérisme à travers ses objets -gobelets, vitrines, mouchoirs, smartphones et déodorants". En effet, le gobelet ou le smartphone, ou encore le mouchoir, ont le point commun d'être jetables. "Jetable" est une propriété qui n'est pas intrinsèque à ces objets mais est substantiellement présente en lui, construite dans un contexte économique et historique précis car "l'existence et l'usage d'un objet sur un marché s'accompagnent de la construction et de la mise en valeurs de certaines qualités changeantes" précise Jeanne Guien , autrice de "Le consumérisme à travers ses objets -gobelets, vitrines, mouchoirs, smartphones et déodorants", essai publié aux Editions Divergences en 2021.

Du gobelet portable jetable en papier apparu aux Etats Unis au début du 20 ème siècle pour remplacer les "tasses communes" accrochées aux fontaines publiques au gobelet des fast-food, ou encore le gobelet plastique avec publicité vendu dans les concerts, le gobelet est désormais un produit "pratique" qu'on jette mais qu'on rachète. Ainsi, "jeter n'est efficace que si l'achat et le rachat sont possible à tout instant, que si la production est massive, que si les produits sont vendus par lots identiques, calibrés, compatibles" complète la philosophe. Hygiène, individualité, mobilité, distinction et hiérarchie des genres et de classes, telles sont quelques une des qualifications générant certaines normes de comportements et de valeurs. Hélas, ces produits jetables que les fabricants produisent et que les distributeurs utilisent en excès ont un impact écologique dramatique, ne sont toujours pas recyclables pour la plupart, et engendrent de la surproduction de déchets.

Les déchets pour interroger la société

"Ce qu'il y a de plus important dans une société, ce sont les tas d'ordures", est une célèbre phrase attribuée à Marcel Mauss. La philosophe Claire Larroque propose dans son essai intitulé "Philosophie du déchet" édité au PUF de "montrer que le sujet des déchets soulève des questionnements moraux, sociaux et politiques et interroge, en contexte de crise environnementale, notre rapport à la nature". Elle convoque entre autres, François Dagognet, Bruno Latour, Baptiste Morizot ou André Gorz pour analyser nos sociétés, nos liens à la nature et aux non-humains et aussi l'univers du déchet, élément rejeté, dégoutant, sale, déprécié, occulté... En effet, la généralisation du tout jetable et des biens de consommation entraine un débordement de nos poubelles. Les masses d'ordures, de déchets ne cessent de croitre jusqu'à saturation. Nous sommes bien dans des sociétés de surconsommation qui déversent des tonnes de déchets mais loin de notre regard... Comment repenser les déchets et leur gestion dans les sociétés de surconsommation ? Ne faudrait il pas envisager collectivement et démocratiquement un autre système de production plus respectueux des êtres vivants ?