Bois de réemploi : les projets de mise en oeuvre du réemploi de bois de construction

Image
Type
Type
Dossier
Année d'édition
Année d'édition
Juillet 2024
Logo_Ekopolis Picto_taxo_
Par Myriam FERRIER
Chargée de mission chez Ekopolis

Les projets de mise en oeuvre du réemploi de bois de construction 

 
Itinéraire d'une charpente, de la ville de Montfermeil à la Maison de l'environnement à Epinay-sur-Seine

La dépose soignée d’une charpente bois mise en œuvre dans un bâtiment voué à la démolition à Montfermeil, va permettre le réemploi d’une partie des éléments sur une opération de construction neuve à Epinay-sur-Seine. 

Après avoir un temps envisagé son réemploi pour un projet d’extension, la commune de Montfermeil a pris la décision de la céder à un acteur du réemploi, l’entreprise Depuis 1920, qui a pu la proposer sur une autre opération. Une partie des éléments sera ainsi réemployée pour réaliser l’ossature de la Maison de l’Environnement à Epinay-sur-Seine, dont le maître d'œuvre est Frédéric Denise, de l’agence Archipel Zéro.

Émilie Forget, directrice Patrimoine bâti de la Ville de Montfermeil, a retracé l’itinéraire de cette charpente lors de la Plénière Bois&Réemploi, organisée par Ekopolis à l'Académie du Climat. Son intervention est disponible ici : Elle y explique aussi comment l’engagement de la maîtrise d’ouvrage vis-à-vis de la Stratégie métropolitaine pour l’économie circulaire et solidaire de la Métropole du Grand Paris (MGP) a facilité l’établissement d’une convention avec l’entreprise depuis 1920.

 

Déconstruction d'une charpente et d'autres éléments bois à Epinal pour le promoteur Mes constructeurs du bois

Racheté par le promoteur immobilier Les Constructeurs du bois, le bâtiment d’une ancienne usine des filatures Bragard, à Epinal, a fait l’objet d’une déconstruction préservante pour assurer le réemploi de sa charpente. Le chantier de déconstruction doit nourrir un guide pratique sur la réutilisation des charpentes. 

Plus d’informations sur le site du Moniteur ici.

Cette expérimentation a fait l’objet d’une présentation de Maxence Lebossé, doctorant du laboratoire Map-Crai réalisant sa thèse sur le sujet, dans le cadre d’une conférence organisée par Envirobat Grand Est sur la “Déconstruction et réemploi”. Plus d’informations sur cette conférence ici.

Plus d’informations sur la thèse en cours de Maxence Lebossé ici et .

Des détails sur l’opération sont également décrits ici.

 

Dépose d'une charpente à Montaigu (Vendée) 

En Vendée, la déconstruction d’un bâtiment industriel à Montaigu a permis la récupération de 25 tonnes de bois de charpente par la société Articonnex, acteur du réemploi du bois, qui en a assuré le reconditionnement dans ces ateliers, grâce à sa collaboration avec Colas établissement GADAIS et l’ICAM de Nantes. Les éléments reconditionnés sont disponibles pour des projets de réemploi ex-situ dans ses magasins-entrepôts.

Plus d’information sur l’opération Cas concret : Réemploi d'une charpente en bois (articonnex.com)

 

Projet de la RiVP rue Meslay (Paris) avec réemploi de pans de bois en réhabilitation lourde

Découvrez ici le retour d’expérience d’une démarche de réemploi de bois de structure sur une opération de réhabilitation lourde d’un immeuble de logements à pans de bois. Nicolas Brenner, sous-directeur Construction à la RIVP et Laurent Carré, directeur d'exploitation de l’entreprise Genere y sont interviewés. Des pans de bois endommagés ont été remplacés par des pans de bois de réemploi.

 

Réalisation d'un auvent en bois de réemploi pour le préau du lycée Jules Ferry (région de Nancy), MOE Bagard&Luron architectes 

La démarche de réemploi a reposé sur l’engagement de l’architecte, Marc-Olivier Luron, à l’occasion d’une opération de réhabilitation d’un lycée, et la mobilisation de plusieurs acteurs. Surtout, sa participation à des groupes de travail sur le réemploi et sa proximité avec l’Association pour la valorisation du réemploi de matériaux de construction en Lorraine (ReMise), lui ont permis de savoir qu’un gisement de poutres était disponible sur le territoire et de le proposer à la maîtrise d’ouvrage (publique), dont il anticipait la souplesse et l’intérêt. ReMise a ainsi rejoint la maîtrise d’ouvrage en tant que BE réemploi pour accompagner la démarche. L’opération a fait l’objet d’un article du Moniteur ici.

Le bardage a été fabriqué à partir de lames de parquet en chêne récupérées sur le chantier de déconstruction d’une caserne militaire de la région de Metz. La sous-face a été réalisée avec des chutes de bois d’une entreprise de construction de palettes du territoire nancéien. Enfin, un ancien bâtiment de l’industrie textile à Epinal (Vosges) a fourni les poutres porteuses.

Ne disposant d’aucun document technique du gisement (des poutres de plancher de sections différentes), la maîtrise d’œuvre a d’abord sollicité un charpentier pour réaliser de manière informelle une première inspection visuelle des éléments entreposés sous forme démontée dans un hangar. La dépose avait été exécutée soigneusement. Leur résistance mécanique a été validée par le bureau de contrôle BTP Consultants, suite à des essais conduits au Centre de ressources pour les entreprises de la filière bois d’Epinal (Critt Bois). Les essais à ultrasons ont permis de connaître leur classement structurel et de constater qu’ils avaient des classements différents, quatre au total. 

Les données recueillies ont permis à l’architecte de dessiner le projet de charpente du préau. Elles ont ensuite été intégrées aux calculs de l’ingénieur rattaché au MOE, puis à ceux réalisés par l’entreprise de pose (le charpentier) dans le cadre de ces études d’exécution. L’entreprise n’avait jamais fait de réemploi mais était habituée à travailler sur des monuments historiques. Elle a procédé aux calculs nécessaires en dessinant la structure et en intégrant dans son logiciel de calcul chaque pièce selon son classement, ce qui présentait des difficultés car les logiciels de calcul ne sont pas habitués à intégrer des pièces de réemploi.

 

Vosgelis, bailleur social, réemploie du bois de structure sur une opération de construction neuve à Remiremont

Le bailleur social Vosgelis (Epinal) s’est résolument engagé dans le réemploi des éléments structurels en bois avec la mise en œuvre de cette démarche sur une opération de logements neufs à Remiremont (déconstruction de trois bâtiments de 22 logements et la reconstruction d’un immeuble). Véronique Thierry, chargée d’opérations, présente ici l’opération de Vosgelis et donne la parole à l’ensemble des acteurs de l’opération, du chantier de déconstruction à la caractérisation des matériaux pour permettre leur remise en oeuvre: Alexandre Scalarino, architecte du cabinet A comme Architectes, Fabien Ravasse, directeur Reval Prest, et Odran Lemaître, ancien étudiant de l’Ecole nationale supérieure des technologie et industries du bois qui s’est vu confier les études nécessaires au réemploi des matériaux avec le laboratoire du CRITT Bois (Centre régional d’innovation et de transfert des technologie pour les industries du bois).

Plaquette de présentation de l’opération ici

 

Le projet de réemploi Chaume Urbain

Ce projet consiste en une galerie dont la couverture en chaume repose sur une structure en chêne de réemploi. Réalisé pour le compte d’Icade par le cabinet Moonwalklocal Architectes, il a été rendu possible par l’addition de trois gisements dans un rayon de 230 km du site, et le sourcing par Mobius Réemploi dans la région du Mans et de Chartres. Comme pour le projet précédent, certains éléments ont été fournis par un négociant de bois ancien.  

« Le gisement 1 provient d’un chantier de démolition d’un hôtel particulier en centre-ville du Mans ; le gisement 2 provient de chez un fournisseur de matériaux nobles de réemploi (trouvé grâce à la plateforme OPALIS) – éléments provenant d’un chantier de démolition d’un corps de ferme vers Chartres.

Pour les pannes : essence de résineux de type Mélèze dont la provenance appartient à un gisement unique : le gisement 3 provient d’un chantier de démolition de la pergola d’un restaurant à Montfort-le-Gesnois. »

Plus d’informations ici.

 
Préau sportif du quartier des Bassins à flot à Bordeaux par Moonwalk 

Fort de son expérience en matière de réemploi de bois de structure sur l’opération Chaume Urbain, le collectif d’architectes Moonwalklocal réalise pour la ville de Bordeaux et de Bordeaux Métropole, un équipement sportif avec des éléments de charpente de réemploi, dont la livraison est prévue au semestre 2025. 

A cette fin, l’agence a lancé une annonce de recherche d’éléments d’ossature bois très détaillée ici et  pour 100m3 de bois massif. 

 
Le sixième toit : halle en poutres de réemploi pour l'atelier la Bricole

Le Sixième Toit a été construit dans le 16ème arrondissement de Paris, au sein d’un centre d’hébergement et dans le cadre d’un chantier participatif d’insertion organisé par l’association Aurore, en collaboration avec le bureau d’architecture l’Atelier Plus Un et le charpentier Jesse O’Scanlan (le Charpentier Volant).  Conçu comme une halle temporaire, il abrite les ateliers partagés « la Bricole », créés pour les résidents du centre. Une partie significative de la structure (le bois des fermes) est constituée d’éléments de réemploi grâce à l’identification opportune d’un bureau d’étude structure (LM Ingénierie), dans le cadre d’une opération de réhabilitation à Brunoy (91), dans un rayon de moins de 100 km du Sixième Toit. Une autre partie a été fournie par un négociant de bois ancien à Provins. 

Ces éléments ont été caractérisés par la méthode visuelle décrite plus haut ainsi que des essais in situ. L’ensemble de l'opération et ses enseignements sont présentés  dans une riche dossier de l’Atelier Plus Un ici.

Après 3 ans de bons et loyaux services aux 5 Toits, les ateliers partagés de La Bricole déménagent sur une nouveau site: la Station - Gare des Mines, gare à charbon désaffectée de la Porte d’Aubervilliers. Une visite est proposée par Ekopolis le 28 mars. Inscriptions ici.  

Plus d’informations sur les réalisations du charpentier volant ici.