Logements rue des Orteaux

Réalisation sélectionnée par la Cité de l'architecture et du patrimoine dans le cadre de l'exposition Habiter écologique.

Partenaires

Cité de l'architecture

« La RT 2005 : tout le monde sait que ce moteur de calcul est aujourd’hui dépassé car il n’est pas fait pour calculer précisément une performance mais uniquement pour s’assurer que le bâtiment est réglementaire. Ceci nous oblige à jongler entre calcul physique et calcul réglementaire. On espère que la RT va évoluer dans le bons sens, ou être remplacée par une approche plus proche du comportement physique réel. » Benjamin Cimerman, directeur de RFR éléments. RFR éléments est une filiale de RFR, bureau d’ingénierie fondé en 1982 à Paris par Peter Rice (1933-1992). Le bureau travaille, notamment, sur la climatique de la façade.

Démarche

La sensibilité de l’agence BNR était déjà dans l’esprit d’une inscription dans le site et sur le contexte. En témoignent les opérations de Montreuil et de Saintes notamment, où l’approche du site s’est faite par lecture et écoute des territoires sur lesquels agir : « travailler avec des éléments qui sont déjà-là, dont le projet fait son miel » (Armand Nouvet). Une attention particulière est donnée à la matérialité, caractéristique très présente dans l’architecture de BNR, dans l’établissement des murs (de pêchers à Montreuil, vestiges de l’ancien tracé parcellaire à Saintes) ou dans le dessin du sol. Et de fait dans les parcours induits et les usages, qui sont séquencés et temporisés du public vers l’intime. À chaque projet correspond une appropriation du contexte et un vocabulaire matériel ad hoc. Pour aborder les questions écologiques, avec ses labels et ses règles propres, les membres de l’agence ont suivi des formations pour s’adapter à cette demande. Le projet de logements aux Orteaux est éclairant quant à l’approche singulière du Plan Climat parisien.

20 logements, rue des Orteaux, Paris XXe, 2010-11

Pour ce projet, BNR s’est associé aux ingénieurs de SNC Lavalin et de RFR éléments afin de livrer une double étude thermique : l’une réglementaire, l’autre thermique-dynamique demandée par l’AMO. Ainsi, ils proposent des murs capteurs (façade pariétodynamique*) – sauf que ces éléments ne sont pas pris en compte dans le calcul de la Réglementation Thermique 2005 !
L’étude réglementaire est nécessaire… puisque réglementaire. Au contraire l’AMO a été tout à fait d’accord pour que nous utilisions d’autres outils. Rendons-lui justice. Si les murs sont « pariétodynamiques » les études sont, elles, qualifiées de thermique dynamique.
Adossée au Nord à des pignons, la géométrie progressive de R+5 à R+1 développée par les architectes établit une douce gradation volumétrique de la rue vers le cœur d’îlot. Ainsi, le bâtiment peu épais est en partie mono orienté, ce qui implique un dispositif savant de ventilation, en diagonale par un décalage entre séjour, cuisine et patios creusés à l’arrière. Une structure poteaux-poutres génère un plan très ouvert, avec le séjour central et les chambres latérales, séparés par des coulissants à galandage pour ouvrir l’espace latéralement.

Le principe climatique réside dans la façade Sud, continue, réalisée en double peau : extérieure coulissante étanche à l’air, intérieure isolante. Les trumeaux sont équipés de murs capteurs (panneaux de béton préfabriqués ondulés, à la granulométrie étudiée) et font office de radiateurs. L’épiderme est un vitrage clair doublé de stores à fort pouvoir réfléchissant, installé à l’intérieur, garantissant pérennité du produit et fonction thermique intrinsèque. Les architectes entendent bien fournir une consigne de bon fonctionnement de l’édifice aux usagers, afin d’atteindre la performance inférieure à 50 kWh/m2.an imposée par le Plan Climat. Nul panneau photovoltaïque ne vient faciliter ce résultat. Une conception ambitieuse, qui s’accompagne d’une sensibilisation des usagers…

Rafael Magrou

Rafael Magrou