4 moments-clés pour une construction de qualité
Les membres du groupe de travail qualité ont ainsi cherché à faire ressortir les éléments essentiels contribuant au succès d’une opération de construction neuve. Dans un contexte juridique et technique complexe, ces éléments d’expérience donnent une approche complémentaire transversale, bienvenue en amont comme sur le terrain.
Le présent document, à portée pédagogique, restitue ces échanges.
Présenté sous forme de fiches de synthèse, il a ainsi pour première vocation de rendre visibles les interfaces entre acteurs, les points de vigilance et les bonnes pratiques, vécues et attendues par les uns et les autres.
Le groupe de travail « Qualité de la construction et de la rénovation des bâtiments en Île-de-France »
Les bâtiments neufs bénéficient d’un cadre réglementaire et normatif exigeant. Néanmoins, la construction de bâtiments neufs représente 50 % du secteur d’activité du bâtiment en Île-de-France. L’enjeu de la qualité de ces constructions ne saurait donc être négligé.
Les services de l’État et l’ADEME ont ainsi réuni les acteurs régionaux du secteur du bâtiment au sein de ce groupe de travail « Qualité de la construction et de la rénovation des bâtiments en Île-de-France ».
Le groupe de travail s’est interrogé sur les interactions entre les différents acteurs de la chaîne de valeur : dans quelles mesures la non-qualité générée par un de ces acteurs peut avoir une influence sur celle des autres.
Le groupe de travail a identifié 4 moments clés dans le processus de projet :
- La programmation
- Le concours de maîtrise d’oeuvre
- Le choix des entreprises de travaux
- Le chantier
A chacun desquels il a établi les enjeux, une cartographie des risques de non-qualité et mis en avant des bonnes pratiques à mettre en œuvre.
Les échanges ont également mis en évidence deux types de démarches complémentaires de la part des acteurs :
- être vigilant aux premiers moments d’une phase de projet : les marges d’amélioration de la qualité d’une opération se jouent pour l’essentiel au démarrage, puisqu’elles sont très « impactantes »
- se situer dans une démarche globale : à l’intérieur de toute phase, une marge de manœuvre favorable à la qualité se joue dans chaque détail et cela tout au long du projet
L’ensemble du travail est regroupé dans un livrable de 40 pages. Nous vous en livrons une synthèse ici.
Les partenaires
1/ Le programme sert de cahier des charges au projet
Le programme est un document réalisé à l’attention du concepteur. Il sert de commande et fait partie des documents contractuels entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre.
Quel que soit le contexte du groupement de maîtrise d’œuvre (qu’il soit, ou non, sélectionné sur remise de prestations (concours), qu’il soit, ou non, intégré à un groupement d’entreprises de travaux dans le cas d’un marché en conception/réalisation, etc...), le maître d’ouvrage doit lui fournir un programme qui lui sert de cahier des charges.
L’article L2421-2 du code de la commande publique (CCP) cadre le contenu du programme en 3 points. Celui-ci comprend :
-
« les objectifs que l’opération doit atteindre ;
-
les besoins que l’opération doit satisfaire ;
-
les contraintes et exigences de qualité sociale, urbanistique, architecturale, fonctionnelle, technique et économique, d’insertion dans le paysage et de protection de l’environnement relatives à la réalisation et à l’utilisation de l’ouvrage. Il présente, en particulier, l’enveloppe financière prévisionnelle consacrée aux travaux et le calendrier de réalisation. »
Une commande initiale cadrée par le maître d'ouvrage
Bonnes pratiques | Exprimer l’ambition du maître d’ouvrage dans une note de cadrage définissant :
|
Risques | S’égarer dans les études pré-opérationnelles et de faisabilité ou oublier de les réaliser, faute d’objectif défini. |
Des enjeux et objectifs du programme lisibles
Bonnes pratiques | Être explicite sur les objectifs et enjeux de l’opération, les hiérarchiser et veiller à leur cohérence globale |
Risques | Conduire à une incompréhension ou mauvaise compréhension du concepteur. Avoir des difficultés à arbitrer, engendrer une crispation des acteurs |
Un format de programme adapté à l'enjeu
La précision de ce document doit être adaptée au type de procédure de consultation, bien qu’il n’y ait pas de réglementation précise sur ce point.
Bonnes pratiques | Étayer le programme en proportion de ce qu’il doit cadrer et selon l’usage qu’il en sera fait. |
Risques | Avoir un programme trop sommaire au regard de la taille de l’objet et au type de procédure. |
Un engagement environnemental clair
Bonnes pratiques | Annoncer l’engagement environnemental de l’opération (signe de reconnaissance envisagé le cas échéant, enjeux prioritaires, réemploi, impact social...) pour décliner la gestion de projet adaptée. |
Risques | Choisir une maîtrise d’œuvre ou un groupement de conception-réalisation non compétent. |
2/ Les étapes d’élaboration d’un programme et les acteurs mobilisables
Les rôles et attributions du maître d’ouvrage et des autres acteurs
Le maître d’ouvrage est responsable du programme
Il incombe au maître d’ouvrage, après s’être assuré de la faisabilité et de l’opportunité de l’opération, d’en définir le programme. La qualité des choix primordiaux que le maître d’ouvrage arrête par ses délibérations (choix du site, scénario, enveloppe financière...) conditionne la qualité du résultat de la démarche de réalisation du projet. L’article L2421-3 précise par ailleurs que le « maître d’ouvrage élabore le programme et fixe l’enveloppe financière prévisionnelle de l’opération avant tout commencement des études d’avant-projet par le maître d’œuvre. »
Le maître d’ouvrage peut s’appuyer sur les compétences d’un AMO
Le maître d’ouvrage peut se faire aider pour rédiger le programme en passant un marché d’assistance à maîtrise d’ouvrage - AMO de programmation, AMO environnemental. Le maître d’ouvrage peut également s’appuyer sur les compétences d’un économiste pour réaliser une évaluation des travaux.
Bonnes pratiques |
Se faire aider, par un AMO si nécessaire, lors des études préliminaires et tout au long du projet. |
Risques |
Le projet est géré par un maître d’ouvrage mal préparé et ne disposant pas des compétences nécessaires. |
Le maître d’ouvrage peut commander une mission de commissionnement
Le commissionnement permet de mieux intégrer la phase entretien-maintenance et participe ainsi à la durée de la qualité d’usage du projet. Il semble particulièrement approprié à des ouvrages mettant en œuvre des éléments techniques spécifiques ou particulièrement complexes. Dans ce cas, cette mission est à intégrer dès la programmation.
Bonnes pratiques |
Capitaliser les échanges depuis la phase programmation et les poursuivre pour anticiper sur la phase exploitation. |
Risques |
Alimenter insuffisamment la réflexion pour l’efficacité finale |
Les étapes d’élaboration d’un programme et les acteurs mobilisables
3/ Les études pré-opérationnelles et le pré-programme sont un préalable nécessaire au programme
On pense, souvent à tort, que le programme est le premier acte d’un projet. Ce sont en fait les études préalables qui forment ce premier acte et permettent d’établir le pré-programme, sur la base duquel est ensuite rédigé le programme.
Le pré-programme et les études pré-opérationnelles ne sont définis dans aucun texte législatif et réglementaires.
Cependant, la MIQCP en propose une définition : « Les études pré-opérationnelles permettent de passer de la demande initiale exprimée en termes de volonté politique (un service à apporter à une collectivité publique) à la détermination de la faisabilité d’un projet de construction ».
La qualité des études pré-opérationnelles a une grande influence sur la qualité du programme, sur l’estimation prévisionnelle et le planning de l’opération. Ces études permettent également au maître d’ouvrage de définir les personnes ressources nécessaires au bon déroulement du projet (AMO, commissionnement, experts,…).
Ces études doivent prendre en compte les aléas possibles aux différents stades de l’opération pour en limiter les risques et, le cas échéant, en atténuer les conséquences (anticiper le budget, l’adapter au calendrier budgétaires et calendaires…).
Les données d'entrées
Les données d’entrées sont les éléments qui servent de base au projet. On distingue plusieurs types d’entre elles :
Les contraintes de site
Dans de nombreux cas, l’emplacement du projet est déterminé à l’avance. Parmi les contraintes de site, on trouve les conditions d’accès (pour la construction et pour l’usage), les éléments bâtis à conserver ou à déconstruire, la faune et la flore présentes, l’orientation du site, les règles opposables du droit des sols,
les aspects environnementaux et patrimoniaux, l’état du sol et du sous-sol (pollution, carrière…), les risques(technologiques, inondation…), les contraintes issues du voisinage (par exemple les nuisances acoustiques
d’une cour d’école), l’impact des nuisances créés pour la construction et pour l’usage (par exemple les conditions d’émission du bruit). Enfin, on peut trouver également les ressources locales disponibles, les réseaux et infrastructures existants.
Ainsi une analyse de site réalisée en amont du programme est primordiale. L’association Ekopolis met à disposition un sommaire type de ce qu’elle devrait contenir.
Le document « analyse de site » peut être obtenu sur simple demande en adressant un mail.
Les contraintes réglementaires et externes au projet
Identifier les contraintes réglementaires et externes au projet
Le montage de l’opération
Les études opérationnelles sont également l’occasion de définir l’organisation générale des participants au projet, c’est-à-dire définir les différents acteurs du projet et leur rôle (qui pilote quoi ? qui est en responsabilité de quoi ? Quel est le circuit de validation ?, etc.) et en particulier :
- le management de la qualité tout au long du projet ;
- le montage juridique : processus de réalisation (procédure de maîtrise d’œuvre dite « classique », conception-réalisation, contrat globaux, contrat de partenariat…) ;
- le montage financier : enveloppe financière prévisionnelle, coût global, emprunt et/ou autofinancement ;
- les modalités de gestion ;
- éventuellement, les modalités de commercialisation ou de mise en exploitation : VEFA, location, etc...
Toutes ces facettes ont leur importance et sont ensuite déclinées en éléments programmatiques. Par exemple, dans un même bâtiment et pour un même usage, on peut adopter différents modes de gestion (gestion propre, revente à un bailleur social ou à des particuliers) ce qui va influer la rédaction du programme.
Les autres contraintes
Toutefois, il existe d’autres impératifs qui peuvent s’imposer dès le départ de l’opération. Le programme tient compte de ces contraintes et les hiérarchise au regard des enjeux et objectifs du projet. On peut citer :
- le planning (par exemple une échéance électorale ou une date de mise en service…) ;
- les performances environnementales du bâtiment (cycle et durée de vie, ...) ;
- une ambition sociale ;
- un enjeu de représentation ;
- le cadrage théorique des besoins ;
- l’organisation spatiale et organisation des usages ;
- la sûreté (notamment passive : par exemple, pas de logements au RDC...).
Une faisabilité éprouvée avec des données de base clairement identifiées
Bonnes pratiques |
Rassembler les invariants et éléments de contexte et les analyser (PLU, approvisionnement chantier, réutilisation de matériaux, signe de qualité envisagé,…) |
Risques |
Accumuler des données inutiles qui n’améliorent pas l’information fournie au décideur. |
Des études pré-opérationnelles anticipées
Les études préliminaires sont l’occasion de faire le point sur les aspects réglementaires ou pratiques opposables au projet.
Bonnes pratiques |
Prévoir les études pré-opérationnelles : les planifier en temps utile, les budgéter et intégrer leur incidence sous forme d’aléas à préciser. Adapter les moyens humains et financiers aux objectifs et contraintes. |
Risques |
Bloquer durablement l’avancement du projet en n’appliquant pas les procédures préalables nécessaires qui feront défaut tôt ou tard entraînant dérapage de planning et/ou bouleversement du projet. |
La recherche de l’intégration du bâtiment dans son site
Bonnes pratiques |
Penser le bâtiment dans son site et son territoire (insertion territoriale, mobilité), son impact social… |
Risques |
Créer un bâtiment « hors-sol » et déconnecté de son site |
Anticiper les démarches administratives
La rédaction d’un pré-programme est également l’occasion de dresser la liste la plus exhaustive possible des démarches administratives et actions susceptibles d’être menées aux différents stades du projet.
Parmi ces démarches ont peut citer :
- l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France, intervenant dans les unités départementales de la direction régionale des affaires cultures (DRAC) ;
- la réalisation de fouilles archéologique préventives ;
- l’avis de l’autorité environnementale ;
- la déclaration/autorisation au titre de la loi sur l’eau ;
- autres : défrichement, acquisition foncière, enquête publique, études d’impact…
Planifier les études et diagnostics liés au(x) site(s) retenu(s)
Dès le début de la phase des études pré-opérationnelles, il est nécessaire de dresser la liste des études et diagnostics à réaliser et de les programmer au moment opportun : études de risque pollution, études de sol, du climat, de la desserte, évaluation du potentiel d’énergie renouvelable (ENR)… Grâce à ces études, il est possible d’apprécier les contraintes et atouts de chaque site envisagé.
Les études et diagnostics de site doivent être achevés avant la phase opérationnelle et avant de procéder à une estimation financière réaliste.
Bien que les études préalables soient elles-mêmes difficilement planifiables, car constituées de plusieurs itérations, elles permettent aussi d’amorcer un premier cadrage du planning de déroulement de l’opération, en prévoyant des moments d’échanges entre les acteurs.
Pendant la période pré-opérationnelle, des actions qui dépassent le cadre du projet et impliquent d’autres acteurs peuvent être mises en œuvre ou identifiées, comme, à titre d’exemple :
- l’intégration dans le projet d’autres parties prenantes pour mutualiser des espaces (parking, salles...) ou des services (restaurant d’entreprise...) ;
- des modifications réglementaires ou dérogations (par exemple : demande de réutilisation d’eau de pluie pour d’autres usages...).
Construire le pré-programme autour des hypothèses de projet
Nourris par les études pré-opérationnelles, le pré-programme rassemble les éléments nécessaires à l’élaboration d’hypothèses et de scénarios à proposer au maître d’ouvrage. Il résulte de la confrontation de l’expression des besoins de la maîtrise d’ouvrage au contexte du projet. Le pré-programme est réalisé à partir d’une note de cadrage du maître d’ouvrage qui exprime ses objectifs, son ambition et les moyens qu’il souhaite (ou est en capacité de) mobiliser. Le pré-programme permet de hiérarchiser les objectifs et enjeux du projet et de donner de la cohérence entre les différents critères qu’ils soient ajustables, ou non. Le pré-programme va explorer différents scenarios possibles et soumettre les plus pertinents à la décision du maître d’ouvrage. Le maître d’ouvrage pourra ainsi avoir une vision plus précise de son projet.
Un planning réaliste
Il existe d’autres impératifs qui peuvent s’imposer dès le départ de l’opération. Par exemple une échéance électorale ou une date de mise en service…
Bonnes pratiques |
Définir des délais intégrant les délais d’études de maîtrise d’œuvre et de réalisation des travaux mais aussi de validation de la maîtrise d’ouvrage. |
Risques |
Faire déraper le planning du projet, ou sacrifier la qualité du résultat au respect du planning |
Le test de faisabilité et validation du pré-programme final
Au regard de l’ensemble des éléments recueillis lors des études pré-opérationnelles, le maître d’ouvrage doit pouvoir vérifier la faisabilité de chacun des scénarios envisagés. Cette démarche doit être réalisée le plus en amont possible (article L2421-1 du code de la commande publique). L’étude de faisabilité va permettre d’établir la cohérence globale de chacun des différents scénarios possibles sur un ou plusieurs terrains potentiels : choix d’implantation, typologie et nombre de logements... Elles vont également étudier plus largement les conditions de réalisation du projet en testant des hypothèses et en étayant les pistes à retenir. Après avoir envisagé, testé et comparé une ou plusieurs hypothèses, le maître d’ouvrage a accès à toutes les données qui vont lui permettre de retenir l’une de ces solutions. À ce stade, il peut également renoncer à réaliser le projet ou en modifier des données initiales (sites, etc…). Le pré-programme et le budget prévisionnel du projet peuvent être finalisés sur cette base.
Un pré-programme solide
Bonnes pratiques |
Réaliser le pré-programme comme élément d’aide à la décision pour acter le(s) scénario(s) à mettre dans le programme. |
Risques |
Avoir un programme remis en cause et rapidement fragilisé. |
4/ Le programme
Des enjeux et objectifs du programme lisibles
Bien qu’il rassemble de nombreux éléments, sa spécificité est de rendre lisible la bonne combinaison des enjeux et des objectifs. Il ne s’agit pas seulement d’énumérer des contraintes, des objectifs et seuils à atteindre, mais bien de présenter un projet pensé dans sa globalité. Il doit faire apparaître l’ambition du projet. Ainsi, les qualités d’un programme sont :
- d’être explicite, clair, accessible et exhaustif ;
- d’éviter les éléments contradictoires et les redondances (au risque de bloquer le projet ou d’induire en erreur le maître d’œuvre). Il doit aussi éviter de donner des informations inutiles au maître d’œuvre ;
- d’expliquer le fondement du projet, sans constamment justifier systématiquement les choix qui ont été faits ;
- d’identifier les priorités et les points intangibles ou « non négociables » en expliquant les enjeux et, si nécessaire, les raisons de ces choix ;
- d’identifier les marges de manœuvre possibles ;
- de permettre au maître d’ouvrage et maîtrise d’œuvre de distinguer l’essentiel de l’accessoire.
Bonnes pratiques |
Être explicite sur les objectifs et enjeux de l’opération, les hiérarchiser et veiller à leur cohérence globale |
Risques |
Conduire à une incompréhension ou mauvaise compréhension du concepteur. Avoir des difficultés à arbitrer, engendrer une crispation des acteurs. |
Le programme et la performance d’usage et environnementale attendues
Dans la mesure du possible, le programme intègre la phase d’exploitation et de maintenance, notamment les moyens humains et financiers à prévoir pour garantir les performances définies lors de la conception sur toute la durée de vie du bâtiment. Le cas échéant, les évolutions d’usage possibles du bâtiment au cours de sa vie sont à envisager.
Le programme décrira les contraintes, exigences, performances et qualités attendues de l’ouvrage : confort, hygiène, santé, bien être, air, odeur, efficacité énergétique, labels, certifications ou autres signes de qualité envisagés. En général, il vaut mieux être dans la description des objectifs que dans des chiffres ; il s’agit plutôt de définir des indicateurs de mesure de la performance et de s’interroger sur les moyens de les mesurer.
Cependant, dans le cas où le programme est un préalable à un marché global de performance (article L2171-4 du CCP), les objectifs chiffrés sont à fixer au moment de la consultation ; le programme, pièce principale du dossier de consultation doit, en conséquence, être particulièrement clair et détaillé.
Cela nécessite de définir des durées d’usage et d’établir différentes hypothèses : des scénarios d’utilisation, des hypothèses d’augmentation du coût de l’énergie, les modalités de remplacement, etc... Cela n’est pas une pratique courante, car le maître d’ouvrage est quasiment toujours celui qui dirige le projet de construction jusqu’à sa livraison et plus rarement celui qui l’exploite.
La nouvelle réglementation environnementale qui rend obligatoire les calculs d’empreinte carbone pendant le cycle de vie du bâtiment va accélérer cette projection en phase exploitation et faciliter cette approche globale.
Prendre en compte les possibilités d'évolution du bâtiment.
Bonnes pratiques |
Anticiper les fonctionnalités et usages (besoins et attentes) attendus dans le futur, y compris les possibilités d’extension par exemple. |
Risques |
Produire un bâtiment peu mutable. |
Circonscrire l’impact de son projet sur l’environnement
La maîtrise de l’impact de son projet sur l’environnement (territorial et social), que ce soit pendant la construction ou sur sa durée de service, fait partie des nouveaux impondérables des projets. La future réglementation environnementale (RE 2020) va, à terme, remplacer la RT 2012 et élargir le champ de la simple performance thermique aux exigences environnementales du bâti neuf. L’expérimentation du label d’État E+ C- en cours permet de définir les bases de cette future réglementation. Cette évolution se fera progressivement. La gestion de chantier « éco-responsable » est plus ancienne et plus développée. Cependant, de nouveaux paradigmes se développent, intégrant des concepts plus globaux comme l’« économie circulaire ». Le type, la flexibilité et l’évolution des usages ou encore les modalités de déconstruction doivent être identifiés. De façon plus générale, il est important de définir, dès le programme, le pourcentage de matériaux recyclables ou issus de filières de réemploi/réutilisation à mettre en œuvre, ainsi que l’objectif de valorisation des déchets de chantier.
Raisonner en coût global
Le coût d’une opération se limite parfois à la somme du coût des travaux et des prestations intellectuelles. Pour réaliser le bilan financier d’une opération, il convient de comptabiliser tous les coûts y afférents tels que les frais d’acquisition, de libérations des emprises foncières, de démolition, d’emménagement, de mobilier, des tests et avis techniques, de communication, de concertation, de frais administratifs, etc. En fonction de la structure de la maîtrise d’ouvrage, ces coûts peuvent être gérés par d’autres services qu’il convient d’associer ponctuellement. Pour évaluer la faisabilité d’un projet et attester de sa pertinence, il est important de prendre en compte ces coûts et de les anticiper.
De plus, il convient désormais de parler de coût global, c’est-à-dire de chiffrer le projet dans son ensemble et inclure, dès la programmation, les coûts d’entretien, de maintenance et d’exploitation pour une période donnée. Cela permet de guider les choix programmatiques de la maîtrise d’ouvrage et lui donne la possibilité d’arbitrer certains choix de façon éclairée, non pas sur un coût d’investissement, mais sur un coût à plus long terme et plus réel. Cela nécessite de se mettre dans la position d’un investisseur et gestionnaire de patrimoine, pour privilégier une solution adaptée à l’usage programmé. A titre d’exemple, le choix de la qualité d’un revêtement de décoration peut varier selon la fréquence à laquelle l’exploitant a prévu de le renouveler.
Bonnes pratiques |
Penser en coût global plutôt qu’en coût d’investissement, permettant un meilleur arbitrage et une durée de vie « exemplaire et durable ». Identifier les modalités d’exploitation, d’entretien et de maintenance envisagées, la fréquence, les moyens humains et financiers dédiés. Intégrer le (futur) gestionnaire à la programmation afin de prendre en compte ses besoins et de faire évoluer ses pratiques. |
Risques |
Concevoir un projet qui ne peut être exploité correctement, déconnecté des moyens financiers envisagés ou envisageables. Ne pas pérenniser la qualité de la construction d’un projet par déficit d’entretien. |
Impliquer les futurs gestionnaires et exploitants
Impliquer les futurs gestionnaires permet d’établir un programme correspondant à un projet adapté à l’exploitation qui va en être faite. Cela concerne notamment les différentes facettes de l’exploitation, de l’entretien et de la maintenance. Façonner des pistes dès la programmation permet de se rendre actif dans l’exploitation et ainsi d’anticiper certains choix. (par exemple celui d’un équipement de chauffage pour un bâtiment principalement occupé l’été)
C’est un bon moyen pour les différentes équipes qui auront en charge l’exploitation, lorsqu’elles sont connues, de s’approprier le projet dès sa conception. Une mission de commissionnement peut s’avérer très pertinente dans une majorité de projets pour sensibiliser et intégrer des outils de suivi de la performance énergétique en amont
Se servir des retours d’expériences d’opérations similaires
Il est parfois très utile de s’inspirer d’une expérience similaire, d’un exemple bien choisi qui permet de ne rien oublier, de ne pas reproduire certaines erreurs et, bien entendu, de trouver de bonnes idées. C’est la notion de parangonnage.
Intégrer la maquette numérique
La maquette numérique, le BIM et la modélisation de façon générale vont se généraliser pour la conception et l’exploitation des projets. Ce sont des outils méthodologiques dépendants de la façon dont est organisée la maîtrise d’ouvrage. Ils sont partagés par tous les corps de métiers, de la conception à la maintenance en passant par la construction et l’exploitation.
Le programme doit tenir compte du fait que le bâtiment est « bimé » et appeler à être intégré dans un schéma existant.
Par ailleurs, dans le cas où la maîtrise d’ouvrage souhaite intégrer de la modélisation dans le projet, les incidences sur les coûts de mise en place et d’exploitation doivent être anticipés dès le pré-programme.
Le programme technique détaillé et les fiches détaillées
Les fiches détaillées sont apparues dans le secteur hospitalier pour préciser les spécificités techniques par local. Cette pratique s’est ensuite généralisée, car elle répond au souhait des Maîtres d’ouvrage et Maîtres d’œuvre de disposer d’un programme le plus détaillé possible. Cependant, la dérive inverse est apparue, c’est-à-dire de réaliser de telles fiches par local pour des projets simples et de taille réduite pour lesquels il n’est pas nécessaire d’aller aussi loin dans le détail. D’une manière pratique, il est préférable de mettre en annexe les fiches par local du programme pour qu’elles n’« éclipsent » pas l’essentiel du projet du maître d’ouvrage.
Lorsque l’opération est complexe et que les exigences sont très techniques, le programme comprend un « Programme technique détaillé (PTD) ». Ce document décrit les spécificités des différents locaux, des espaces et le niveau de performance à atteindre. C’est dans ce document que l’on trouve les « fiches-espace » ou « fiches par local ».
Le PTD est constitué immédiatement après le programme pour éviter les informations redondantes et contradictoires avec ce dernier.
5/ La communication et la concertation facilitent l’acceptation du projet
La mise en place de la concertation implique de se doter de moyens en communication, d’un budget et du temps nécessaire dans le planning général de l’opération.
Concertation avec les usagers
Les futurs usagers, s’ils sont connus, devraient pouvoir contribuer à la programmation pour améliorer la définition des besoins en partageant leur connaissance du site ou d’un usage particulier. Néanmoins, il est aussi nécessaire de prendre un certain recul par rapport à leurs demandes, parfois exagérées par crainte de n’être pas prise en compte par les décideurs.
Il peut être également judicieux, dans certains cas, de nommer un référent extérieur pour échanger et négocier avec les usagers. Le partage des enjeux avec les futurs usagers permettra également une meilleure appropriation du projet lors de son utilisation.
Concerter avec les riverains
Un élu, dont la fonction principale est de représenter les riverains, est un interlocuteur idéal et un bon relai pour organiser la concertation avec les riverains. Cela est particulièrement vrai dans le cas d’équipements publics ou de bâtiments à fort impact (multiplication des flux, perte d’ensoleillement, risque industriel, etc...). Cela permet de mieux connaître les préoccupations et attentes des riverains, de pouvoir nourrir la réflexion sur la programmation, d’identifier les points de blocage éventuels et les moyens pour les lever.
1/ Qu’est-ce qu’un concours de Maîtrise d’œuvre et qu’apporte-t-il de spécifique?
La Mission Interministérielle pour la Qualité des Constructions Publiques (MIQCP) définit ainsi le « concours de maîtrise d’œuvre » dans l’introduction de son guide « Le concours de maîtrise d’œuvre: dispositions réglementaires et modalités pratiques d’organisation, 09/2017 » :
« Le concours est un mode de sélection par lequel le maître d’ouvrage, après avis d’un jury, choisit un projet parmi les propositions de plusieurs concurrents préalablement sélectionnés, en vue de l’attribution d’un marché de service. »
Un concours de maîtrise d’œuvre permet la mise en concurrence, et donc l’émulation, des candidats qui véhiculent des approches et sensibilités différentes. Il permet de faire émerger et de retenir le projet qui a réalisé la meilleure synthèse des exigences du programme : fonctionnement, usage, implantation urbaine, exigences environnementales contraintes budgétaires...
Cependant la MIQCP complète sa définition par :
« Lorsqu’il est organisé en vue de l’attribution d’un marché de maîtrise d’œuvre, il permet donc de choisir simultanément le projet qui sera réalisé et son auteur »
Le concours permet donc d’abord de choisir un projet, mais également de choisir un concepteur.
Il ne faut pas confondre le concours de maîtrise d’œuvre qui aboutit au choix d’un projet et le marché de maîtrise d’œuvre qui porte sur les missions confiées à un prestataire et régit les relations de ce dernier avec la maîtrise d’ouvrage.
Le temps passé à une procédure de concours (généralement de 6 à 8 mois) et l’indemnisation des concurrents ne sont finalement pas significatifs au regard des bénéfices qu’offre cette procédure. En effet, même pour des projets de taille relativement modeste et de faible complexité, le concours permet de sélectionner un projet de qualité bien plus rapidement et avec de meilleures garanties de qualité qu’en réalisant, par exemple, plusieurs allers-retours avec un seul maître d’œuvre.
Ainsi, un concours de maîtrise d’œuvre réussi est plus qu’un simple mode de sélection, c’est l’outil idéal pour créer et sélectionner le meilleur projet répondant à la commande formalisée dans le programme par le maître d’ouvrage.
Faire un concours
Bonnes pratiques |
Tester plusieurs propositions de projet global en mettant en place une procédure de concours même lorsque qu’elle n’est pas obligatoire. |
Risques |
Se passer des bénéfices du concours en pensant économiser sur la rémunération de plusieurs équipes de maîtrise d’œuvre et du temps nécessaire à la procédure. |
Un mode de sélection privilégié et à privilégier
Certains maîtres d’ouvrage publics sont tenus de recourir au concours (Article L2172-1 du Code de la Commande Publique) lorsque le montant de la mission de maîtrise d‘œuvre est supérieure au seuil des procédures formalisées. Pour autant, le concours de maîtrise d’œuvre n’est pas une procédure réservée à la commande publique. En effet, même lorsqu’il n’est pas obligatoire, mettre en place un concours est recommandé dans de nombreux cas au regard des nombreux bénéfices esquissés brièvement ci-dessus. Elle est, à plus forte raison, indiquée pour les projets complexes de restructuration et particulièrement pour un projet de construction neuve comme le précise l’article 5-1 de la loi du 3 janvier 1977 sur l’architecture.
2/ Que doit faire un Maître d’Ouvrage pour mettre en place un concours de maîtrise d’œuvre de qualité?
Bien s’entourer pour piloter la procédure
Le maître d’ouvrage est responsable de l’expression de ses besoins, notamment en matière de fonctionnalités.
Cependant, il n’a pas nécessairement les compétences techniques et administratives nécessaires à la mise en œuvre de son projet. Ainsi, la mise en place de la procédure de concours, même hors cadre réglementaire, est une procédure délicate qui ne s’improvise pas.
Une telle entreprise, menée par un maître d’ouvrage inexpérimenté, pourrait mobiliser une bonne part de son attention et lui faire perdre de vue l’enjeu du concours et la maîtrise de son projet.
Aussi, un maître d’ouvrage aura tout intérêt à se faire aider pour réaliser les tâches qu’il ne maîtrise pas, afin de rester concentré sur l’essentiel de son rôle, c’est-à-dire exprimer clairement la commande et l’ambition de son projet. Il fait ensuite le choix du projet qui constitue la meilleure réponse.
Il existe, à cet effet, une variété de missions d’Assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) qui permettent de lui apporter les compétences dont il a besoin.
Bonnes pratiques |
Rassembler les compétences nécessaires à la Maîtrise d’ouvrage pour les différentes étapes du concours. Au besoin, s’entourer de celles d’un AMO approprié. |
Risques | Être débordé par la mise en place de la procédure et perdre de vue l’enjeu initial du choix du projet le plus adapté |
Faire une sélection optimale des candidats admis à concourir
Afin de garantir une émulation, il est nécessaire de mettre en concurrence 3 à 5 équipes de maîtrise d’œuvre. Si un minimum semble être de mettre trois équipes de maîtrise d’œuvre en concurrence, fréquemment, le maître d’ouvrage élargit à quatre ou cinq ce nombre de concurrents pour les projets de moyenne et grande taille. Le maître d’ouvrage publie alors un avis de concours pour que les candidats se fassent connaître.
Il est préférable que l’avis de concours ne soit finalisé puis envoyé à la publication que lorsque le règlement de consultation et le programme soient eux-mêmes finalisés, afin que ces documents soient parfaitement cohérents entre eux.
Les compétences demandées à la maîtrise d’œuvre sont fonction du projet. Elles doivent figurer dans l’appel à candidature et être formulées avec justesse, sans trop de précisions et accompagnées d’une description sommaire du projet. L’appel à candidature précise également quel membre du groupement de maîtrise d’œuvre en sera le mandataire. Le plus souvent c’est l’architecte, auteur du projet architectural qui assure ce rôle en tant que garant de la cohérence du projet.
Il est courant et pertinent de demander aux candidats des références d’opérations similaires. Cette demande est en effet plutôt rassurante pour le maître d’ouvrage. Cependant, ce n’est pas le seul gage d’expertise d’un candidat : il peut être souhaitable de favoriser l’émergence d’équipes ne disposant pas encore de références et dont les compétences sont suffisantes pour permettre d’en acquérir. Il peut s’agir, par exemple, d’une structure qui a pu se faire remarquer pour d’autres types de réalisations. Ainsi, il est conseillé de ne pas faire trop de cas d’une absence de références similaires. C’est le choix de l’équipe dans sa globalité et sa cohérence qui est importante, plus que le portfolio du mandataire.
Il est également conseillé d’adapter la période et la durée de réception des candidatures au regard du contexte calendaire et des éléments demandés afin de rassembler suffisamment de candidatures de qualité.
C’est l’ensemble de ces éléments qui permet de cibler le meilleur vivier de candidats dans lequel le jury pourra déceler les quelques candidats admis à concourir
Bonnes pratiques |
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Risques |
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Définir et s’appuyer sur un règlement de consultation exhaustif prévoyant une juste rémunération
Un règlement de consultation partagé et exhaustif
Le règlement de consultation est rédigé à destination des candidats sélectionnés, mais aussi de la commission technique, si elle existe, et du jury. Il définit les prestations attendues, les délais de remise des candidatures et celui des offres, les critères de sélection des offres et des candidatures, le montant de l’indemnisation, etc. Le règlement de consultation est le document qui administre le concours jusqu’à son terme. Il est remis aux candidats avec le programme qui, quant à lui, est dédié au projet.
Bonnes pratiques |
Décrire les règles dans un document unique à destination des candidats, de la commission technique et du jury. Ces documents doivent comprendre au minimum le détail des prestations attendues, des délais de remise des prestations, les critères de sélection des offres – Le règlement de consultation est « cadré » et obligatoire en commande publique |
Risques |
Complexifier la compréhension des relations entre les différentes instances du concours (Jury, Commission technique, Équipes concurrentes) et brouiller les critères de choix. |
Offrir des conditions de concours optimum
Les candidats devraient être rémunérés en proportion du travail requis. A cet effet, en maîtrise d’ouvrage publique cette rémunération est réglementée. La MIQCP a produit plusieurs documents de recommandations (Exemple commenté de règlement de concours de maîtrise d’œuvre: outils pratique, 12/2018) pour mieux aider les Maîtres d’ouvrage à mieux apprécier la juste rémunération des candidats. Le montant de l’indemnisation doit refléter au mieux les prestations à réaliser, car s’il est trop en deçà, le risque est que les équipes concurrentes ne s’impliquent pas suffisamment pour produire un travail de qualité, voire qu’elles abandonnent le concours. Le bénéfice du concours s’en trouve alors considérablement réduit.
Bonnes pratiques |
Fixer un délai en cohérence avec le contexte calendaire (périodes de congés…) et les prestations attendues ainsi qu’un montant de l’indemnité adapté. |
Risques |
Voir des concurrents abandonner le concours ou remettre des prestations non conformes au règlement ou visiblement insuffisantes. |
Définir le bon niveau de prestation
La recherche du bon concept
Le niveau « esquisse » est suffisant pour les projets simples ou de complexité courante. Au-delà, la MIQCP recommande de retenir l’« esquisse + » comme niveau de définition des prestations (Notamment dans le « Guide à l’intention des maîtres d’ouvrages publics pour la négociation des rémunérations de maîtrise d’œuvre » en 01/2011 et « Prestations et primes en concours de Moe » en 04/2010). L’« esquisse+ » est un bon compromis entre, d’une part, la lisibilité de la réponse aux enjeux majeurs, la proposition de débuts de solutions techniques pour rassurer le maître d’ouvrage, notamment sur la faisabilité, et, d’autre part, un montant de rémunération acceptable dans un budget global.
Les niveaux de définition plus avancés, tels que l’Avant Projet Sommaire (APS) ou l’Avant Projet Définitif (APD) sont pertinents dans certains cas particuliers, mais il ne le sont pas pour l’immense majorité des projets courants. Ils représentent trop d’investissements, en temps et en argent, et présentent le risque de perdre la lisibilité du projet, d’occulter l’essentiel de ses enjeux et d’accorder trop de place à la technique. Ils rendent difficiles les nécessaires ajustements qui font suite au concours, car plus un projet est détaillé, plus les modifications à opérer sont lourdes de conséquences, chronophages et augmentent les risques d’erreurs…
Bonnes pratiques |
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Risques |
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Une commande claire
Le maître d’ouvrage doit aussi faire en sorte que le programme qu’il remet aux concurrents fasse clairement la part entre les éléments de base du projet qui permettent de répondre correctement à la prestation demandée dans le cadre du concours et les éléments de détails qui seront plus utiles aux stades de définition plus avancées du projet. Ainsi, par exemple, on placera les fiches par local dans un document séparé afin que les candidats ne s’égarent pas dans les détails.
Bonnes pratiques |
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Risques |
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Mettre en place la commission technique pour faciliter le travail du jury
Dès le début du concours, le maître d’ouvrage doit fixer la composition et les attendus de la commission technique. Celle-ci prépare le travail d’examen des projets par le jury. Elle examine essentiellement les aspects techniques du projet (coût, mis en œuvre, faisabilité, fonctionnalités...).
Elle est composée de différents « experts » qui analysent séparément les différents projets concurrents. Cependant, il est utile que les membres de la commission technique se réunissent physiquement afin de restituer, devant les autres membres, le résultat de leur analyse et de créer les conditions d’un échange constructif qui aboutira à une appréciation homogène des différents projets.
Il est indispensable que les remarques de la commission soient hiérarchisées afin de distinguer celles qui sont relativement anecdotiques et aisément correctibles à un stade ultérieur de la conception de celles qui présentent un réel problème. En faisant cette distinction, le jury ne perdra pas de vue les enjeux globaux de chacun des projets et se concentrera sur l’essentiel, sans perdre de temps sur une liste, parfois très longue, de détails accessoires. Dans cet esprit, il ne faut pas que le jury se base sur le nombre de remarques soulevées par la commission technique sur un projet.
Lorsque le projet est dans un espace protégé et que l’intégration du projet dans son environnement revêt un fort enjeu patrimonial ou paysager, il peut être judicieux d’inviter dans la commission technique l’architecte des bâtiments de France référent dans la commission technique pour prendre en compte son avis. À ce niveau, son avis n’est que consultatif.
Bonnes pratiques |
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Risques |
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Désigner des membres du jury en lien avec l’objet du concours
Un jury représentatif et compétent
A la différence de la commission technique, le jury juge le projet sur des aspects plus globaux. Une sélection réussie des membres du jury permet de rassembler un échantillon de personnes représentatives, complémentaires et appropriées aux enjeux du projet. Dans tous le cas, il est nécessaire de tenir compte de la diversité des acteurs. Tous ne sont pas forcément habitués à saisir les enjeux globaux d’un projet et certains peuvent être tentés de se réfugier dans leur champ de compétence, quitte à se focaliser sur des détails. Pour un jugement de qualité, il faut donc constamment veiller à ce que chaque membre garde la bonne hauteur de vue.
Dans le cadre de la commande publique, il est obligatoire qu’au moins un tiers des membres du jury ait des compétences dans la réalisation du marché susceptible d’être attribué, c’est-à-dire, en l’occurrence, en maîtrise d’œuvre. La présence d’un paysagiste dans le jury peut parfois être un atout, même lorsque cette qualification professionnelle n’est pas requise dans l’équipe de candidature.
Lorsque le maître d’ouvrage n’est pas soumis aux règles de la commande publique, il est néanmoins recommandé d’avoir dans le jury au moins un tiers d’architectes ou autres spécialistes de la construction capables de faire bénéficier aux autres membres du jury de leur expertise (vision globale et à moyen terme, capacité à traiter l’ensemble des aspects techniques, énergétiques, environnementaux, etc., en fonction des objectifs du projet et/ou de la nature des travaux envisagés) ainsi que de leur capacité de synthèse.
Bonnes pratiques |
Intégrer dans le jury une fraction significative de personnes rompues à cet exercice. |
Risques |
Juger les projets sur des critères non significatifs. |
Des bonnes conditions pour le travail du Jury
Les membres du jury doivent avoir le temps de prendre connaissance, en séance, du rapport de la commission technique et également des différents projets afin de leur permettre d’émettre leur avis propre et d’en débattre ensemble, notamment dans le cadre précis des échanges avec les candidats, lorsque ceux-ci sont prévus dans le règlement de la consultation.
Bonnes pratiques |
Donner le temps suffisant aux membres du jury pour prendre connaissance des projets et du rapport de la commission technique. |
Risques |
Que le jury reprenne à son compte le travail de la commission technique sans examiner de façon objective les projets proposés. |
Le Maître d’Ouvrage comme ultime décideur
C’est au maître d’ouvrage que revient le choix final du projet et donc du groupement qui se verra attribuer le marché de maîtrise d’œuvre.
Généralement, le maître d’ouvrage suit l’avis du jury qui, le plus souvent aussi, ne sélectionne qu’un seul lauréat du concours. Plus rarement, il arrive que le maître d’ouvrage ne souhaite pas suivre l’avis du jury et choisisse un autre projet. Juridiquement, il a parfaitement le droit de prendre cette décision, mais elle doit néanmoins pouvoir être argumentée sur la base des critères de jugement du concours.
Dans ce cas, et compte tenu du risque très important de recours, le maître d’ouvrage doit s’appuyer sur l’expertise d’un AMO spécialisé pour l’aider à argumenter cette décision. L’AMO n’a pas de pouvoir de décision et le Maître d’ouvrage reste pleinement responsable de sa décision.
Il peut également hésiter entre deux projets et, si le règlement de consultation le permet, il peut demander à ce que les deux équipes concurrentes viennent présenter leur projet au jury
Réaliser un choix final du ou des lauréats cohérent
Bonnes pratiques |
Veiller à ce que l'analyse du jury reprenne les critères de sélection des projets du règlement de consultation pour décider du ou des projets lauréats. |
Risques |
Faire un choix final sur une base sans rapport avec l’esprit du règlement de consultation. |
1/ Quels sont les rôles respectifs du maître d’ouvrage et du maître d’œuvre dans la procédure de choix des entreprises ?
Les personnes publiques peuvent passer des contrats avec des personnes morales ou physiques privées pour réaliser des études et des travaux. Pour ce faire, elles peuvent se faire aider par un Assistant à maître d’ouvrage (AMO).
C’est le maître d’ouvrage qui est engagé, d’une part avec la maîtrise d’œuvre et, d’autre part avec la ou les entreprises. La maîtrise d’œuvre n’a pas de relation contractuelle directe avec les entreprises. Si une mission de maîtrise d’œuvre a été confiée à un prestataire, l’élément de mission « assistance apportée au maître d’ouvrage pour la passation des marchés publics de travaux » (Article 2431-28 du Code de la Commande Publique) comprend essentiellement l’aide à la rédaction du dossier de consultation des entreprises, à la sélection des candidats, à l’analyse des offres et à la mise au point des marchés. Le MOA décide en dernier ressort avec qui il contractualise et reste responsable de son choix.
Dans la commande publique, la procédure de consultation et de notification du marché doit respecter un cadre strict. Un non-respect de ces règles fait courir le risque d’un recours de la part d’une entreprise écartée. Or, les maîtres d’ouvrage publics ont tendance à privilégier la sécurité juridique, ce qui a pour effet de ralentir les procédures de consultation.
Toutes les recommandations suivantes sont transposables et recommandées en maîtrise d’ouvrage privée, même si elles ne sont pas légalement imposées…
2/ Critères de choix mobilisables au moment de la rédaction du DCE et du choix des entreprises
Préparation de la consultation et élaboration du DCE
Choisir le mode adéquat de dévolution de marchés de travaux
Bonnes pratiques |
Se faire conseiller sur la forme d’allotissement favorable aux spécificités du projet • Recourir à des entreprises de taille adaptée à celles du projet |
Risques |
en dessous d’un certain volume de travaux, les entreprises générales ne répondent plus aux offres.P |
Utilisation ou non des critères de choix basés sur un « label » et le « coût en cycle de vie »
Bonnes pratiques |
Définir des critères conformes au code de la commande publique pour développer ces pratiques qui vont dans le sens de l’innovation et de la qualité environnementale du bâti et de ses équipements |
Risques |
Sélectionner une offre moins chère à l’investissement, sans s’assurer du coût global |
Analyse des offres et choix des entreprises
Une analyse technique globale
Bonnes pratiques |
Faire analyser les propositions de chaque entreprise pour évaluer les conséquences sur le comportement global du projet avant de négocier |
Risques |
Accepter une proposition sur la base des critères limités, sans en avoir anticipé les conséquences (comportement des matériaux, calendrier de mise en œuvre…) |
Une négociation technique, méthodologique et financière
Bonnes pratiques |
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Risques |
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Mise au point le marché
Bonnes pratiques |
Ne notifier le dossier marché qu’une fois le contrat amendé avec les arbitrages de la maîtrise d’ouvrage et finalisé. |
Risques |
Entraîner des erreurs ou rouvrir des négociations qui ont déjà eu lieu |
3/ Dévolution des marchés de travaux
Le choix dans la structuration des lots est un enjeu important pour la qualité de l’opération.
Entre les deux formes de dévolution des marchés de travaux les plus fréquemment rencontrées (i.e. le marché à l’« entreprise générale » et l’« allotissement par corps d’états séparés »), il existe un grand nombre de configurations intermédiaires possibles et envisageables.
Le code de la commande publique réaffirme que l’allotissement est la règle dans la dévolution de travaux . Un marché unique qui doit être justifié.
Un maître d’ouvrage peut ainsi faire réaliser ses travaux soit en faisant autant de marchés que de corps d’état (lots séparés avec marchés distincts), soit en confiant la totalité du marché à une seule entreprise (marché unique avec division en lots techniques, pour partie éventuellement sous-traités et hors « tâches essentielles » définies par le maître d’ouvrage). Enfin, il existe une dernière solution, intermédiaire aux deux précédentes, qui consiste à regrouper les lots par ensembles cohérents du type gros œuvre étendu, clos couvert, lots techniques, etc... Ce regroupement des lots ne doit pas être confondu avec le « groupement d’entreprises » dans lequel les entreprises s’associent et désignent un mandataire commun pour répondre à un marché unique. C’est une solution alternative à la sous-traitance et à l’allotissement pour les petites et moyennes entreprises qui souhaitent avoir accès à la commande publique ou privée pour des marchés importants.
L’allotissement induit une relation plus directe entre le maître d’œuvre et les entreprises qui interviennent sur le chantier, rend celles-ci plus visibles et permet de les valoriser, de garder plus de sens à leur travail. En cela, on peut s’attendre alors à un meilleur dialogue sur le chantier et, ainsi, une meilleure qualité du travail réalisé.
Cependant il n’est pas toujours possible et/ou opportun de recourir à une dévolution des marchés par corps d’état séparés.
Les caractéristiques techniques du projet influencent en partie la forme de l’allotissement (cohérence entre matériaux, niveau de technicité attendu, organisation de chantier, coût, etc.). Ce point clé doit être discuté en amont, au niveau des études. En fonction de ces paramètres, la maîtrise d’œuvre apporte un conseil au maître d’ouvrage sur la configuration la plus adaptée au contexte. Le maître d’œuvre évalue également les incidences financières de ce choix. Un AMO peut également apporter son éclairage. Puis, selon ce que le maître d’ouvrage aura retenu, le maître d’œuvre rédigera le dossier de consultation des entreprises.
Enfin, au moment de la consultation, les entreprises qui n’ont pas les moyens suffisants pour réaliser un marché de travaux ont toujours la possibilité de former un groupement avec d’autres entreprises qui présentera les garanties suffisantes.
Lots séparés : découpage du marché par métier/ corps d’état: VRD, Gros œuvre, second œuvre, courants forts, courants faible, plomberie, etc..
Avantage :
- Traiter directement avec l’entreprise permet une relation directe avec son savoir-faire
- Il est plus susceptible de favoriser le tissu économique local.
- Il préserve mieux les conditions économiques de l’entreprise que lorsqu’elle est en situation de sous-traitance.
- Dans le cadre de la mission DET, la maîtrise d’œuvre peut communiquer directement avec les entreprises sans intermédiaires
- Renforcer la coordination entre entreprises
Bonnes pratiques |
Désigner un prestataire pour assurer la mission « Ordonnancement pilotage coordination » L’OPC peut être un élément de mission de la maîtrise d’œuvre ou être une mission indépendante confiée à un acteur externe. |
Contraintes |
Coordination entre les lots très exigeante pour respecter le planning: • Anticipation sur les commandes et livraisons des matériaux, définition des zones de stockage, des zones de travail selon les tâches et le nombre de personnes dédiées |
Bonnes pratiques |
S’assurer de la fiabilité des entreprises |
Risques |
Les dérapages de chantiers peuvent entraîner des bouleversements conséquents sur l’opération.. |
Bonnes pratiques |
Définir précisément les limites de prestations et prévoir des descriptions génériques pour pallier les éventuels oublis. |
Risques |
Ne pas avoir précisé assez les limites de prestations entre les différentes entreprises ouvrent la voie à des litiges |
Bonnes pratiques |
S’en tenir au code Civil (Article 1240), sur la responsabilité civile des dommages causés à autrui. En cas de groupement, demander une copie de la convention de groupement momentané des entreprises. |
Risques |
Responsabilité si endommagement pendant le chantier d’une prestation réalisée |
Groupement d’entreprises : les lots sont rassemblés par ensemble ayant une logique dans la fonction du bâtiment : clos-couvert, lots techniques (CVC / courants forts & faibles, etc...)
Avantage :
Avantage |
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Contraintes |
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Cas particulier des marchés de conception-réalisation
En conception-réalisation, la maîtrise d’œuvre qui va concevoir le projet et l’entreprise qui va réaliser les travaux font partie du même groupement. Elles s’associent pour répondre ensemble à l’appel d’offre du maître d’ouvrage.
Ainsi, la maîtrise d’œuvre ne peut pas faire son rôle de conseil du maître d’ouvrage pour le choix des entreprises.
C’est donc au maître d’ouvrage de réaliser le DCE. Pour ce faire, il peut se faire aider par un AMO technique (parfois appelé AMO-T).
Sous-traitance et co-traitance
Une entreprise ne dispose pas toujours de toutes les compétences nécessaires en interne. Pour disposer de la totalité de ces compétences, il existe deux solutions.
- Soit elle s’associe à d’autres entreprises, on parle alors de co-traitance,
- soit elle confie la part des travaux qu’elle ne peut réaliser elle-même à une autre disposant des compétences requises, on parle alors de sous-traitance.
Dans le cadre de la commande publique, les modalités de sous-traitance sont cadrées uniquement du point de vue administratif, juridique et financier, afin notamment de protéger l’entreprise sous-traitante de l’entreprise mandataire et d’assurer la protection de l’ensemble des professionnels. A l’occasion des demandes d’agrément, la part de travaux sous-traités doit être identifiée. Par contre, il n’existe pas de limite sur la part à sous traiter puisque cela fausserait la libre concurrence.
Dans le cadre de la commande privée, la maîtrise d’ouvrage à tout intérêt à demander des précisions, sur les modalités de fonctionnement entre mandataire et sous-traitant.
Les sous-traitants apparaissent, le plus fréquemment, en cours de chantier. Cette pratique est encadrée. L’entrepreneur doit faire accepter, par le maître d’ouvrage, le sous-traitant auquel il envisage de recourir, et cela, préalablement à toute intervention sur le chantier. En cas de présence sur le chantier sans agrément, l’entreprise ou le sous-traitant sont mis en demeure immédiatement par le maître d’ouvrage de déposer un dossier.
La sous-traitance
La sous-traitance est souvent utilisée pour recourir à des savoirs faire dont l’entreprise ne dispose pas (par exemple une entreprise de gros œuvre peut ainsi faire ses plans de ferraillage par un BET structure) ou pour compléter ses effectifs propres. Si la loi permet d’interdire le recours à la sous-traitance pour des prestations « essentielles », il est cependant souhaitable de laisser une certaine souplesse à l’entreprise et de lui laisser la possibilité de proposer des sous-traitants en cours de chantier afin de s’adapter aux contraintes du projet et à son planning.
L’entreprise mandataire est tenue de vérifier l’authenticité et la validité des déclarations sociales et fiscales de l’entreprise sous-traitante. Juridiquement, l’entrepreneur est condamné solidairement au sous-traitant, notamment dans le cas où il a eu recourt au travail dissimulé. Dans le cas de la sous-traitance par des professions réglementées, le professionnel reste responsable et non son mandataire
En plus de la déclaration de sous-traitance (Cerfa DC4) qui est obligatoire, le maître d’ouvrage peut demander les clauses du contrat de sous-traitance (i.e. la convention entre l’entreprise et son sous-traitant).
Recourir à la sous-traitance n’a pas de rapport direct avec la qualité de l’ouvrage final, mais peut compliquer, ou rendre moins fiable, la circulation des informations en multipliant le nombre d’intermédiaires. Une telle situation peut avoir comme répercussion à la fois des malentendus et une moindre implication du sous-traitant qui peut se sentir marginalisé.
Bonnes pratiques |
Permettre de faire entrer de nouvelles compétences en sous-traitance en cours de chantier • Interdire la sous-traitance pour des parties « essentielles » ou certains lots. |
Risques |
Confondre souplesse jusqu’à la fin du chantier et restrictions |
4/ Éléments de choix des entreprises
Élément à examiner pour le choix des entreprises
Mémoire technique
La note méthodologique fournie par l’entreprise devient très souvent contractuelle, cependant, l’ordre de préséance des documents indiqués dans le CCAP pondère son importance. En général, elle est placée en dernière place.
Le degré de précision du mémoire technique doit être adapté au contexte. Cependant, on peut noter des éléments incontournables pour se donner les moyens de satisfaire la qualité attendue.
La maîtrise d’ouvrage a tout intérêt à fournir un cadre de mémoire technique. Il permet à la fois de faciliter le traitement des données et permet d’identifier les éléments jugés importants. Le cadre devra cependant être adapté à la mesure du marché et doit rester souple. En effet, un cadre trop strict, ou trop chargé, élimine une partie des entreprises insuffisamment structurées ou trop occupées au moment de la consultation.
La non-réactivité ou une réponse incomplète peut être un signe annonciateur d’une faiblesse de l’entreprise. Cependant, d’autres éléments devront aider à déceler ce qui relève du structurel ou du ponctuel.
Inversement, une entreprise peut fournir dans les délais impartis des éléments très communicants et bien rédigés, ce qui démontre la qualité de son service administratif, mais ne permet pas de juger de sa capacité technique et de sa faculté d’organisation.
Ainsi, il faut être en mesure de juger l’équilibre administratif et technique de l’entreprise.
Bonnes pratiques |
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Risques |
En cours de chantier, si l’entreprise ne respecte pas les délais, fautes, de moyens humains et techniques (outils, véhicules mobilisables...) adaptés alloués au chantier, il sera plus facile de faire pression sur elle pour augmenter ses effectifs. |
Équilibre administratif et technique
Bonnes pratiques |
Juger les compétences, références et moyens de l’entreprise dans son ensemble : à la fois sur les aspects administratifs et les aspects techniques. |
Risques |
Avoir des difficultés avec l’entreprise du fait d’un manque de savoir-faire technique ou d’organisation ou de traitement administratifs |
Références
Bonnes pratiques |
Demander des références de réalisations récentes et en rapport avec le projet, mais ne pas en faire un élément déterminant de choix |
Risques |
Empêcher des entreprises d’ accéder à de nouveaux marchés |
Qualification
S’appuyer sur une qualification certifiée pour faire le choix d’une entreprise permet surtout de faciliter la vérification de ses capacités. C’est un gain de temps indéniable et un processus éprouvé.
L’obtention d’une qualification n’est pas une garantie absolue de qualité. D’une part, on rencontre fréquemment des entreprises, disposant d’un très bon savoir faire, qui ne souhaitent pas pour autant que celui-ci soit réduit à une simple qualification. Cette dernière n’est, par ailleurs, jamais obligatoire. D’autre part, les qualifications étant attribuées par un organisme accrédité sur la base d’un dossier déposé par l’entreprise, l’obtention de celles-ci reflète, à coup sûr, la qualité du dossier qui a été déposé, mais ne garantit en rien le bon déroulement des chantiers à venir.
Cependant, privilégier les entreprises ayant une qualification est aussi une reconnaissance de la part du maître d’ouvrage des efforts faits par cette entreprise et les organisations professionnelles pour mettre en place ce type de procédé. De plus, cela contribue et favorise la démarche d’amélioration continue des entreprises et une meilleure qualité des chantiers (et ainsi de réduction de la sinistralité, une optimisation du coût et du temps et une meilleure qualité de réalisation).
Ainsi, le maître d’ouvrage et son maître d’œuvre et / ou AMO, le cas échéant, ont tout intérêt à rester vigilants sur la question des qualifications d’une entreprise. L’obtention de garanties via une qualification certifiée n’empêche pas de prendre des éléments de confirmation complémentaires : contact avec d’anciens maîtres d’ouvrage, visites d’opérations réalisées…
Bonnes pratiques |
Choisir une entreprise qualifiée et compléter la connaissance de l’entreprise par d’autres moyens |
Risques |
N’avoir qu’une vue partielle (via sa qualification professionnelle) des compétences et de l’organisation de l’entreprise |
Vérifications des garanties de l’entreprise
Le Maître d’ouvrage doit vérifier les attestations et déclarations des entreprises avec qui il contracte, ainsi qu’au fur et à mesure du renouvellement de ces documents (périodes de validité différentes selon les organismes). Il lui est conseillé d’en faire de même pour leurs sous-traitants.
Les procédures administratives ont tendance à s’alourdir à cause de certaines pratiques frauduleuses (falsification de documents ou autres contournements destinés à brouiller certains recollements). La vérification devient très chronophage, mais est néanmoins nécessaire pour se prémunir de risques importants. Ces risques peuvent compromettre la bonne marche du chantier et/ou, indirectement, la réputation de la Maîtrise d’ouvrage (amende administrative, procès, réputation…)
Ainsi, pour faciliter le travail de la Maîtrise d’ouvrage ou de son AMO, de plus en plus de prestataires proposent de vérifier la validité des attestations remises (cotisation diverses, attestations sociales et fiscales, assurances civile, professionnelle et décennale, caisse de congés payés).
Choisir une entreprise certifiée « Qualibat » permet de s’assurer que ces attestations ont été vérifiées annuellement par l’organisme certificateur.
Enfin, le Maître d’ouvrage a tout intérêt à demander une déclaration sur l’honneur qui responsabilise l’entreprise sur ses obligations fiscales et sociales, mais également sur le non-recours à du travail dissimulé.
Bonnes pratiques |
Demander une déclaration sur l’honneur de l’entrepreneur et ses sous-traitants attestant de la non pratique du travail dissimulé et d’être à jour de ses obligations, en complément de la demande des pièces administratives. |
Risques |
Se soustraire à la chaîne de responsabilité |
1/ Les études d’exécution
Les pièces du marché, plans et CCTP, sont les documents utilisés sur le chantier. Cependant, certains d’entre eux nécessitent d’être détaillés : la réalisation et la validation de ces documents sont ce qu’on appelle les études d’exécution.
Il existe une confusion sur l’usage du vocable « études d’exécution » qui consiste à confondre celles qui constituent le dossier marché (pièces écrites et graphiques du projet), faites par le Maître d’œuvre et qui prescrivent le bâtiment à construire, avec celles correspondant à l’ancienne mission de maîtrise d’œuvre dite d’EXE qui sont faites la plupart du temps par les entreprises, une fois les marchés signés (pendant la phase de préparation et au cours du chantier).
Par ailleurs, les éléments de missions de Mœ pour les marchés publics ont récemment évolués dans le contenu et l’organisation (Article R 2431-15 du CCP ) et comprennent aujourd’hui :
- la Direction de l’Exécution des Marchés de Travaux qui correspond à l’ancienne mission DET.
- les études d’exécution qui regroupent dans un seul élément de mission les anciennes missions VISA, EXE et SYN.
L’EXE
Ces études peuvent en effet être confiées, au cas par cas, soit à la Mœ, soit aux entreprises, généralement par corps d’état.
Lorsqu’elles sont réalisées par une entreprise de travaux, c’est le savoir-faire de cette dernière qui est mobilisé. Ce travail comprend une part de conception, soit pour préciser ce qui a déjà été prescrit, soit pour trouver une solution à un problème non anticipé ou encore pour proposer une alternative à ce qu’avait prévu la Mœ.
Bonnes pratiques |
Répartir la réalisation des plans d’exécution des différents corps d’état :
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Risques |
Sous-exploiter l’apport en expertise des acteurs |
Le visa
Le Mœ doit « viser » les études d’exécution réalisées par l’entreprise pour valider leur conformité au projet.
Bonnes pratiques |
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Risques |
Devoir remédier en urgence à trop d’incohérences |
La synthèse
Une cellule de synthèse peut être constituée au sein de la Mœ, mais elle peut aussi être confiée à un autre prestataire, notamment pour les projets importants et complexes.
Au fur et à mesure que les entreprises et la Mœ fournissent les plans d’exécution, la cellule de synthèse détecte les incohérences et gère les interfaces entre les différents lots et ouvrage/réseau technique.
2/ Pilotage et coordination des entreprises
La coordination des entreprises en charge des différents corps d’état est assurée soit par l’entreprise générale, soit par l’OPC, dans le cas de lots séparés ou macro-lot.
La fonction d’ordonnateur pilote et coordinateur (OPC) est un maillon essentiel pour coordonner les tâches, mais également fédérer les intervenants. Ainsi, pour mieux contribuer à une certaine qualité dans le résultat final, il y a également un élément de « bonne entente » à maintenir qui est très important.
L’OPC est un élément de mission de Mœ qui est optionnel. Il peut être réalisé par un membre de l’équipe de Mœ (la plupart du temps l’architecte) ou par un prestataire qui n’est pas intégré au sein du groupement de maîtrise d’œuvre.
Même si son rôle n’intervient qu’en phase chantier, il est recommandé que l’OPC puisse participer à l’élaboration du DCE, afin que son expertise bénéficie au montage et à la planification du projet. Il est « garant » du bon déroulement du chantier et du bon enchaînement des tâches. Il anticipe et actualise les contraintes des entreprises (notamment la gestion des commandes et livraisons) afin d’adapter le planning
Bonnes pratiques |
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Risques |
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Travail détaché
Le principe général est que l’entrepreneur, ou un de ses sous-traitants, est tenu de déclarer les travailleurs détachés qu’il entend utiliser sur le chantier. Si le Maître d’ouvrage n’a pas le pouvoir de s’opposer au recours au travailleur détaché, il a plusieurs obligations vis-à-vis de ces travailleurs : vérification de la déclaration des travailleurs, des bonnes conditions de logement, des bonnes conditions de paiements, etc.(Déclaration : L1262-4-1 et R1263-12 du Code du Travail (CdT), hébergement L4231-1 du CdT, paiement L1262-4-1 III du CdT).
Travail dissimulé
L’ampleur du recours au travail dissimulé a progressé ces dernières années, notamment avec l’augmentation de l’activité du secteur BTP, grâce aux travaux du Grand Paris.
Un constructeur (Maître d’œuvre, Maître d’ouvrage ou tierce entreprise) qui découvre qu’une entreprise a recours au travail dissimulé doit alerter l’entrepreneur employeur afin que ce dernier cesse immédiatement cette pratique. Le Maître d’ouvrage est pénalement responsable s’il y a du travail dissimulé sur son chantier.
Il n’est pas possible de mettre en évidence une corrélation entre le travail détaché et le travail dissimulé, ni entre sous-traitance et travail dissimulé. Toutefois, il est possible de noter que plus le lien entre l’acheteur et l’opérateur sur le terrain est distendu (soit par plusieurs intermédiaires, soit par des frontières et réglementations différentes) plus la situation (via les liens oraux et administratifs) s’opacifie et plus le risque de dérive est grand.
Il n’existe pas non plus de corrélation entre travail dissimulé et qualité finale de la construction. En revanche, on peut facilement faire le lien entre travail dissimulé et défaillance de la démarche qualité ou de la méthodologie de chantier.
3/ Assurances et Garanties constructeurs
Assurances de responsabilité civile professionnelle
Assurance décennale
L’assurance de responsabilité civile décennale professionnelle, également appelée garantie décennale, garantit la réparation des dommages qui se produisent après la réception des travaux (fin officielle du chantier). La garantie décennale concerne les vices ou dommages de construction qui peuvent affecter la solidité de l’ouvrage et de ses équipements indissociables ou qui le rendent inhabitable ou impropre à l’usage auquel il est destiné Cette assurance est obligatoire pour tous les constructeurs, vendeurs, contrôleurs à l’ouverture du chantier. Les sous-traitants n’ont pas, en revanche, l’obligation d’avoir une assurance décennale, mais cela est recommandé. En effet, l’entreprise mandataire doit avoir une assurance qui couvre l’ensemble des prestations pour laquelle elle contracte, y compris les parties qu’elle sous-traite (Article L241-1 du code des assurances).
Bonnes pratiques |
Vérifier la validité de l’assurance décennale des entreprises à la date de l’ouverture du chantier, y compris la couverture de toutes les activités exercées (le cas échéant par leurs sous-traitants, même s’ils sont connus ensuite) |
Risques |
Le périmètre de l’assurance de l’entreprise ne recouvre pas la totalité des travaux. |
Assurance Dommage-ouvrage
L’assurance « Dommage Ouvrage » (DO) est obligatoire pour les maîtres d’ouvrage privés. Elle permet de prendre le relais des garanties décennales des entreprises dans les 30 jours après la déclaration du sinistre et sans l’attente d’une décision de justice. Cette police d’assurance doit être contractée après que les entreprises qui réaliseront les travaux ont été désignées et avant le commencement des travaux. Le prix d’une DO est fonction du maître d’ouvrage, de la technicité du bâtiment, des compagnies d’assurances des entreprises qui réalisent les travaux, des rapports du contrôleur technique et de différentes études (rapports de sols, etc.).
Assurance Tous Risques Chantier (TRC)
Facultative, complémentaire des assurances obligatoires, la TRC peut être à la charge du maître d’ouvrage, du maître d’œuvre comme des entreprises. Elle doit être contractée de préférence avant le démarrage du chantier.
Bonnes pratiques |
Prévoir la TRC dès le DCE, mettre à jour la police d’assurance en fonction des évolutions du chantier |
Risques |
S’assurer à perte par manque de rigueur dans le suivi d’une assurance facultative |
Garanties du constructeur
Garantie de Parfait Achèvement
Cette garantie est contractuelle et permet la réparation de désordres apparus dans l’année qui suit la réception de l’ouvrage. Les désordres doivent être réparés pour que l’ouvrage soit remis dans l’état où il était le jour de la réception. En cas de défaillance de l’entreprise, le MOA peut procéder aux réparations par une autre entreprise au frais de l’entreprise initiale.
Garantie biennale
La « Garantie de Bon Fonctionnement » ou « GBF » concerne les équipements techniques dissociables du bâtiment. Elle engage l’entreprise à intervenir sur les équipements défectueux pendant une durée de 2 ans.
4/ Organisation matérielle du chantier
Gestion des déchets de chantier
Elle s’organise en amont pour se traduire dans les pièces contractuelles et se vérifie au cours du chantier. L’économie circulaire est actuellement en plein développement et va augmenter les attentes et les opportunités dans ce domaine.
L’acheminement des matériaux de construction et leur stockage sur le chantier est généralement intégré dans le processus de qualité ou la démarche chantier adoptée par le maître d’ouvrage.
Préfabrication
La préfabrication est la fabrication hors du chantier (en atelier ou non) d’éléments de l’ouvrage. Ceux-ci sont ensuite amenés sur site pour être assemblés et finis. La préfabrication est à distinguer de la fabrication de pièces standardisées qui ne sont pas spécifiquement produites pour le projet.
Si la préfabrication permet de gagner du temps en phase chantier, elle requiert néanmoins une préparation plus précise et plus longue afin de minimiser les erreurs, elles-mêmes plus difficiles à corriger, si elles apparaissent sur le site. Elle nécessite, pour ce faire, une main d’œuvre plus qualifiée, à la fois sur le chantier et en atelier de préfabrication.
La préfabrication est-elle gage de qualité ? Il est clair que le fait de réaliser une plus grande partie des travaux en atelier permet de bénéficier d’une certaine productivité et d’une qualité industrielle bien meilleure que sur le chantier.
Il est également important que la préfabrication ne soit pas dissociée de la pose et puissent être confiées à une seule et même entreprise, afin d’éviter tout litige entre deux entreprises distinctes.
Si l’on considère l’exemple de la construction bois, on ne peut que constater que la filière de préfabrication n’est pas encore suffisamment étoffée. Cette structuration, qui ne se fera que si la demande se développe, prendra quelques années.
Bonnes pratiques |
Prévoir un personnel adapté sur le chantier pour les éventuels ajustements ou correction d’erreurs (tolérances). |
Risques |
Sous-estimer la technicité nécessaire aux assemblages in situ |