Le Roseau

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#4-jauneLe roseau

Ekopolis remercie Anne BRASSELET du Parc Naturel régional de Brière pour ses sources et relectures.

chevron-jauneRécolte de la plante et transformation

Le roseau pousse spontanément dans les milieux humides. C’est une plante qui n’est pas semée. Elle se régénère tous les ans à partir de son rhizome. Lorsque le roseau est suffisamment sec, en hiver, il est récolté de manière raisonnée et peut devenir un matériau de construction, sans transformation ou presque.
La récolte est effectuée par un coupeur, à la main ou à l’aide d’une machine adaptée au terrain. Pour la construction, la récolte se fait par beau temps avec un niveau d’eau inférieur à 10cm. Le roseau est rassemblé en bottes dès la coupe. Il est ensuite amené en atelier pour être peigné, nettoyé, conditionné et stocké en ballots pour la construction.
Le roseau pour la construction en France provient principalement de la Camargue et de l’étranger : Europe de l’Est, Turquie et Chine. D’autres régions françaises récoltent le roseau, dans une moindre mesure, comme la Bretagne et la Normandie.

La qualité du roseau dépend du diamètre de la tige, de la hauteur de coupe, de sa teneur en sel, et son taux d’humidité.

  • 1 hectare de roselière fournit entre 700 et 1000 bottes ;
  • Il faut environ 12 bottes au m² en couverture, selon leur circonférence (60 cm en moyenne) ;
  • 1 ballot rassemble 50 bottes.

 

chevron-jauneIntérêt agronomique

La roselière est une formation végétale se développant dans les zones humides, notamment dans les marais et au bord des cours d’eau. C’est un refuge pour la biodiversité et un système d’épuration naturel des eaux et de fixation des sédiments. La récolte annuelle du roseau permet d’éviter l’enlisement du marais et sa transformation progressive en tourbière ou en forêt.
Il pousse naturellement et en abondance, sans la moindre utilisation de produits chimiques
L’intervention humaine se réduit à un contrôle des niveaux d’eau afin d’en optimiser la qualité.

 

chevron-jauneLes usages de la plante

L’exploitation raisonnée de la plante par les coupeurs participe à la gestion des zones humides pour la conservation de son équilibre écologique.
Le roseau est utilisé dans les domaines de la construction, de l’agriculture, du design.

chevron-jauneIntérêts

Au-delà des intérêts de fixation du carbone, entre autres éléments, de cycle de vie et de préservation d’un écosystème, ses propriétés sont multiples pour assurer le confort dans un bâtiment :

  • Isolation thermique ;
  • Isolation phonique ;
  • Régulation de l’hygrométrie des espaces intérieurs ;
  • Régulation de la qualité de l’air intérieur ;
  • Bon déphasage qui ralentit les transferts de chaleur ;
  • Amélioration des conditions de travail des ouvriers sur les chantiers.

Par ailleurs, il participe à la :

  • Création d’emplois non délocalisables ;
  • Conservation d’un savoir-faire patrimonial.

 

chevron-jauneApplications

Selon sa mise en œuvre, on trouve de nombreux usages au roseau :

  • La tige rassemblée en botte est utilisée :

    • dans la construction : en couverture ou en façade.

  • La tige rassemblée en panneau rigide et autoportant est utilisée :

    • dans la construction : en isolation,  support d’enduit, ou bardage.

  • La tige rassemblée en rouleau :

    • clôture, ombrage, …

  • La tige tressée :

    • structures légères d’édifice.

  • Le broyat est utilisé :

    • dans la construction : associé à des liants pour constituer des briques allégées, mortiers et enduits, voire des bétons de roseaux, des torchis ou murs de bauge ;

    • au paillage des cultures, litière animale et compost ;

    • à la confection de granulés pour le chauffage.

    • En plastique végétal ;

Le roseau des couvertures en fin de vie pourrait être valorisé à travers ses autres usages (broyat, isolant...)

Depuis 2019, les couvreurs chaumiers se sont engagés dans la rédaction de règles professionnelles afin de valoriser leur savoir-faire en recensant les règles de l’art concernant « le produit » et « sa mise en œuvre ».
Accompagné d’essais en laboratoire et d’une formation dédiée, ce référentiel devrait être présenté à la Commission Prévention Produits (C2P) de l’Agence Qualité Construction. Une fois validé, il renforcera la visibilité des techniques relatives à la couverture en chaume auprès des donneurs d’ordres et assureurs.

Le savoir-faire chaumier vient d’être reconnu au Patrimoine Culturel Immatériel en France.
Parallèlement aux règles professionnelles, la filière « couverture » a engagé des démarches pour faciliter la formation de nouveaux couvreurs chaumiers et le recrutement de formateurs.
Le Certificat de qualification professionnelle (CQP) « Ouvrier professionnel couvreur chaumier » est en cours de révision et pourrait bientôt être accessible en alternance. La filière souhaite aussi obtenir une mention complémentaire « chaume » au Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) « Couvreur ». Pour ceux qui maîtrisent les bases, des formations courtes sont déjà dispensées à l’ANOFAB et des chantiers-écoles sont organisés.

En couverture :
 

Hors Ile-de-France
En façade :

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Association Nationale des Couvreurs Chaumiers
L'ANCC est une structure qui regroupe et représente l'ensemble des professionnels autour du chaume.
Ses missions sont la :

  • Représentation auprès des associations d’exploitants de roseau.
  • Diffusion de recommandations techniques « spécifique chaume » applicables à tous.
  • Promotion et mise en valeur du chaume par des participations à des salons, à des expositions, à des démonstrations…
  • Promotion des chaumiers adhérents par la mise à disposition d’outils adaptés.
  • Formation continue des salariés chaumiers.
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Chaume Sans Frontière
Association qui s’est fixée pour objectif de promouvoir et développer l’emploi du chaume, comme matériau aux propriétés isolantes, acoustiques et à forte capacité inertielle.
Ses objectifs sont de :

  • Informer sur les dispositifs d'incitation fiscale dont bénéficie la couverture en chaume depuis les accords du "Grenelle de l'Environnement" de 2007 ;
  • Œuvrer pour l’intégration du chaume aux conceptions bioclimatiques des maisons basse consommation, en valorisant ses capacités à assurer confort d'hiver et confort d'été ;
  • Pérenniser les toitures en chaume par une politique de prévention des risques biologiques.
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International Thacthing Society - Connaissance du toit de chaume
ITS est une plateforme internationale d'échange de connaissances et d'actualités sur le chaume et les constructions en chaume.
Les membres de l'ITS sont des organisations nationales de chaumiers. À l'heure actuelle, 7 pays sont membres.

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Fédération des parcs naturels régionaux de France
Les Parcs naturels régionaux ont pour vocation d’asseoir un développement économique et social du territoire, tout en préservant et valorisant le patrimoine naturel, culturel et paysager. La richesse des Parcs réside dans la transversalité dont ils font preuve, en intégrant les enjeux de biodiversité à leurs projets de territoire.

Les cinq missions des Parcs naturels régionaux (article R333-1 du Code de l’Environnement)

  • la protection et la gestion du patrimoine naturel, culturel et paysager,
  • l’aménagement du territoire,
  • le développement économique et social,
  • l’accueil, l’éducation et l’information,
  • l’expérimentation, l’innovation.

Plusieurs PNR abritent des roselières et participent au développement du roseau.

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La Maison de l'Estuaire
Association créée en 1992, qui allie le rôle de médiateur entre les différents acteurs de l'estuaire de la Seine et celui de gestionnaire de la Réserve Naturelle Nationale de l'Estuaire de la Seine.

Anne BRASSELET, Chargée de mission Préservation et valorisation du patrimoine des chaumières et de sa filière économique au PNR Brière ;
Carole LEMANS, Architecte D.E. Doctorante en architecture ;
Mathilde HONORÉ, Docteure en Génie des matériaux ;

Ressources documentaires